Années de jeunesse

 

Une piste spirituelle.

 

En dehors de tout circuit institutionnel, durant ses années de jeunesse, de l’adolescence à la vie étudiante et à l’âge de jeune professionnelle, Sara, à partir d’une enfance vécue avec des parents croyants, a suivi une piste spirituelle.  Pour manifester cet enracinement,  elle a récemment demandé à être baptisée dans une église réformée. Ce cheminement témoigne d’un fil conducteur.

 

Sara nous parle de ses parents. « J’ai grandi avec des parents protestants où la foi était très présente au quotidien : prière avant le déjeuner, prière familiale avant de se coucher, présence obligatoire à l’église le dimanche matin. J’ai fréquenté des églises protestantes différentes et, à travers mes grands-parents, j’ai connu la religion catholique. Donc, j’ai vécu une grande ouverture et tolérance par rapport aux différentes confessions chrétiennes. Ainsi, j’ai participé à la catéchèse catholique quand j’étais enfant, tout en participant à des groupes de jeunes protestants. Selon la doctrine protestante, mes frères et moi, nous n’avons pas été baptisés enfant afin que nous puissions faire par la suite notre propre choix. Au moment de l’adolescence, j’ai commencé à prendre un peu de distance par rapport à l’église. Ainsi, à partir de la classe de quatrième, j’ai commencé à ne plus fréquenter régulièrement le culte du dimanche. J’ai commencé mon propre cheminement personnel, notamment à travers la prière ».

 

Comment cette évolution a-t-elle continué quand Sara est devenue étudiante ? « J’ai poursuivi mon parcours personnel. J’ai cessé d’aller à l’église,  mais j’ai toujours trouvé très réconfortant de savoir que Dieu était là et nous accompagnait tous les jours au quotidien . Cela me donnait de la force pour affronter les difficultés , les aléas de la vie que l’on rencontre quand on est jeune adulte. Je priais pour moi, mais aussi pour mes frères dans leurs difficultés et également pour celui qui est devenu mon fiancé. Dans mon itinéraire étudiant, j’ai beaucoup voyagé et j’ai donc poursuivi un chemin individuel ».

 

Sara ayant terminé ses études a éprouvé le besoin de se situer. « Au cours de ce parcours, j’ai assumé le fait que j’étais croyante en n’hésitant pas à le dire dans des conversations. A la fin de mes études, cela m’a paru naturel de me faire baptiser afin d’affirmer mon identité. C’était aussi une façon pour moi de remercier Dieu pour toutes les façons dont il m’a béni au cours de ma vie. C’est vrai que j’ai fait très souvent appel à Lui à travers la prière et je trouvais juste de lui exprimer ma reconnaissance. J’ai donc été baptisée dans une église réformée ».

 

Aujourd’hui, Sara prépare son mariage avec Pierre. « Ce sera un mariage œcuménique avec un pasteur et un  prêtre qui fera honneur à nos deux confessions. Dans le  cadre de la préparation au mariage, on est amené à se poser des questions sur la foi, et sur la foi dans le couple. Sur quelles valeurs voulons-nous bâtir notre couple ? C’est pour moi un cheminement nouveau puisque jusqu’ici j’avais une attitude dans laquelle je vivais ma foi de façon intime et personnelle ».

 

Ainsi Sara a suivi discrètement une piste spirituelle et celle-ci apparaît aujourd’hui au grand jour : « Mon cheminement avec Pierre m’amènera, j’espère, vers de belles rencontres et découvertes avec d’autres croyants ».

 

Contribution de Sara

Aujourd’hui, nous sommes tous frères à Bamako !

La rencontre de Habib Koité et Eric Bibb dans l’album : « Brothers in Bamako ».

Bamako : une ville africaine qui, peut être, passait inaperçue. La voici aujourd’hui, en ce début de l’année 2013, au centre de l’actualité. L’attention du monde se porte sur le Mali.

Certes, depuis un an, des groupes islamistes avaient conquis une partie du pays. Le fanatisme religieux se répandait en exactions et imposait sa loi. En regard, on voit maintenant le prix de la dignité humaine, du respect de l’homme, de la liberté, de la tolérance. On saisit la valeur concrète de ce qui, dans certains contextes, peut apparaître comme des banalités, voire de grands mots. Les populations de Gao et de Tombouctou, qui ont accueilli dans la liesse les armées françaises et maliennes, ont témoigné, par leur enthousiasme, de l’importance existentielle de ces valeurs. Pour des français, cet événement évoque la mémoire de la libération vécue en 1944.

Mais, on le sait, les batailles se gagnent dans  les esprits et dans les cœurs. Comment une qualité de vie peut-elle s’exprimer, attirer, mobiliser ? Le Mali est un pays où les artistes sont nombreux et actifs. Quelques mois avant le paroxysme de la crise politique et militaire au Mali, un événement était intervenu dans le registre de la culture. C’était la production commune d’un CD par deux chanteurs- musiciens, l’un Malien, l’autre Afro-Américain. Habib Koité et Eric Bibb ont donné à cette expression, une portée symbolique en l’intitulant : « Brothers in Bamako » (1). « Frères à Bamako », ils témoignent ensemble de l’amitié, de la fraternité, de la beauté. A travers ces deux itinéraires, des courants culturels  convergent et portent du sens.  On trouvera sur internet toute l’information souhaitable concernant les chemins parcourus par Habib Koité et Eric Bibb (2). L’un et l’autre s’enracinent dans un  riche héritage culturel. L’un et l’autre ont parcouru et parcourent aujourd’hui le monde. Ainsi, « Brothers in Bamako » témoigne à la fois d’une rencontre authentique, d’une harmonie entre deux courants musicaux, mais aussi d’un véritable universalisme. Nous recevons cet universalisme comme une victoire sur le clinquant et la superficialité d’une société tournée vers le paraître et sur la barbarie engendrée par le fanatisme religieux.

 

Ainsi pouvons nous lire le descriptif de cet album : « J’ai  regardé mes parents et cela a déteint sur moi ». C’est ainsi qu’Habib Koité trace les origines de son métier mais aussi de son talent de griot du XXè siècle. Eric Bibb peut en dire autant, lui qui, non content d’avoir un père chanteur, est le filleul de Paul Robeson. Habib est héritier d’un  savoir ancestral utilisé au profit d’une chanson qui le place parmi les voix les plus influentes de l’Afrique contemporaine. Eric s’est imposé dans la nouvelle génération des bluesmen sans pour autant renier les héritages du folk song et du gospel. Quoi de plus naturel alors pour ce Malien et cet Afro-Américain que de faire rimer leurs guitares et leurs voix pour partir dans un blues trans-Atlantique ? Deux chanteurs populaire, deux chanteurs enracinés dans une tradition ancienne et ce qu’elle transmet : un  savoir-faire, un répertoire exemplaire, une manière d’utiliser la chanson pour jouer un rôle citoyen. Les deux ont acquis, humblement, le sens d’une chanson qui peut imprégner la société ».

Dans ce descriptif, Etienne Bours nous raconte également comment Habib et Eric se sont rencontré voici une dizaine d’années. ils ont sympathisé. Il sont restés en relation . L’amitié était là. Peu à peu, se revoir devint d’abord un  rêve, puis un projet. Et récemment, les deux chanteurs  se sont rencontrés. « Ils se sont assis, face à face, guitares en main pour aborder le répertoire possible ». Ensemble, ils ont produit cet album. « C’est sans directive précise que s’élabore alors le répertoire commun. Les langues se délient au rythme des guitares et c’est avec un naturel évident que le chemin se trace..  Habib regarde et chante l’Afrique, mais un Afrique affectée,  transformée peut-être par le reste du monde. Eric est sensible à cette démarche dans laquelle il se retrouve ».  Sensible aux aspirations sociales, il reprend une chanson de Bob Dylan des années 60 : « Blowin’ in the wind ». « Cette chanson mérite d’être chantée par un  Africain et un Afro-Américain qu’aucun vent ne sépare ». « Tous deux regardent l’être humain  dans un miroir : l’homme qui a l’habitude de se servir en premier en se moquant des conséquences, mais aussi l’homme inquiet qui a besoin de temps, de lumière,de foi, de solidarité, de respect. Puis les guitares partent ici ou là dans des évocations poétique et très personnelles d’airs anciens et immortels »

Eric Bibb et Habib Koité nous prouvent, avec beaucoup de talent, que la chanson  la plus simple est souvent la plus efficace et que chanter comme ils le font est une nécessité universelle. Nous avons besoin de ce type de rencontre par delà les frontières, les modes, les dictats économiques » conclut Etienne Bours. « Parce que cette chanson est vivante, franche et profondément humaine »

En naviguant dans l’univers des médias, sans être expert dans le champ musical, on apprend et on fait des découvertes. Et ainsi, de fil en aiguille, nous avons rencontré cet album avant que l’actualité mette le Mali sur le devant de la scène.. Dans la conjoncture récente, cet album a pris toute sa dimension : non seulement un événement artistique dans « la retrouvaille de deux « songwriters » aux univers complémentaires : le blues de Memphis et le folk mandingue de Bamako, mais aussi un  événement spirituel : une affirmation conjuguée du Bien  et du Beau, l’expression d’une amitié et d’une harmonie, le plaisir joyeux d’être ensemble, un message de fraternité. Aujourd’hui, rétrospectivement, dans la foulée de la libération de Gao et de Tombouctou, nous pouvons voir aussi dans cet événement, une portée politique. Un moment dans l’histoire, un président américain, face à une menace d’invasion, avait proclamé sa solidarité avec les habitants de Berlin en proclamant : « Nous sommes tous des berlinois ».  Nous savons bien que chaque situation est complexe. Les divisions et les fragilités qui existent à l’intérieur du Mali sont connues. Mais, selon le fil conducteur que nous venons de suivre, dans la reconnaissance des grandes valeurs africaines que sont l’hospitalité et la solidarité et dans la conscience de ce qui nous élève et nous unit face à la barbarie, nous pouvons dire, nous voulons dire, comme une affirmation universaliste : « Nous sommes tous frères à Bamako ! ».

 

J H

(1)            Brothers in Bamako.  Habib Koitè. Eric Bibb. Dixiefrog.  Ecouter l’album en entier :

http://www.deezer.com/fr/album/5973303

Présentation de Eric Bibb et Habib Koité sur wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eric_Bibb  http://fr.wikipedia.org/wiki/Habib_Koité