Pour vivre ensemble, il faut être orienté vers l’avenir

Jean-Claude-Guillebaud : « Une autre vie est possible »

 Pour aller de l’avant, nous avons besoin d’un horizon. Et aujourd’hui, dans cette période difficile, et à travers l’information dominante, nous sommes menacés par la morosité. Pour certains, l’horizon paraît bouché. Nous avons besoin de discernement et d’espérance. Comme correspondant de guerre, pendant plus de trente ans confronté à des catastrophes, puis comme chercheur engagé dans la compréhension de notre époque à partir des sciences humaines, Jean-Claude Guillebaud a toute légitimité pour nous interpeller en proclamant dans un de ses derniers livres : « Une autre vie est possible ». Sur ce blog, nous avons mis en valeur l’apport de cet ouvrage (1). Aujourd’hui, celui-ci est publié en livre de poche (2),  et, à cette occasion, l’auteur s’adresse à nous à travers une courte vidéo (3).

Son message s’ouvre sur un témoignage.  Dans les catastrophes auxquelles il a assisté, il a vu des gens espérer et lutter. « Pendant des années, j’ai appris l’espérance auprès des gens qui vivaient dans des tragédies ». Et, à ses retours en France, il était d’autant plus affecté par la « sinistrose », un état d’esprit négatif qui prévalait dans certains milieux. Aujourd’hui encore, il constate dans la presse, dans les médias, une amplification des malheurs, une « disposition aux catastrophes ». Et certes, l’information a pour mission de couvrir toute la réalité, mais il ne faudrait pas oublier de donner aussi les bonnes nouvelles. Il est important de développer le sens des proportions.

Jean-Claude Guillebaud nous appelle à l’espérance. « Je suis pour ce que j’appelle un optimisme stratégique ». « Etre optimiste, cela ne veut pas dire que tout va bien. C’est justement lorsque les choses vont mal qu’on doit être capable de se tenir debout et d’être habité par l’espérance ». Et nous avons besoin d’un horizon. « La démocratie, c’est le goôt de l’avenir. On ne peut pas vivre ensemble sans un projet…Pour vivre ensemble, il faut être orienté vers l’avenir ».

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Voilà une pensée qui en rejoint d’autres comme celle de Jürgen Moltmann, le théologien de l’espérance.  L’espérance, nous dit Moltmann, suscite notre motivation.  Peut-on agir si nous avons l’impression de nous heurter à un mur ? Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit : « Nous devenons actifs pour autant que nous espérions… Nous espérons pour autant que nous pouvons entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons être possible ». Ce regard inspire notre comportement sur différents registres, dans la vie quotidienne, mais aussi dans la vie sociale . « Une éthique de la crainte nous rend conscient des crises. Une éthique de l’espérance perçoit les chances dans les crises ». « L’espérance chrétienne est fondée sur la résurrection du Christ et s’ouvre sur une vie qui est à lumière d’un nouveau monde suscité par Dieu » (4)

J H

 

(1)            Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible. Comment retrouver l’espérance ? L’Iconoclaste, 2012 . Mise en perspective sur ce blog : « Quel avenir pour le monde et pour la France . Choisir l’espérance, c’est choisir la vie ». https://vivreetesperer.com/?p=937

(2)            Guillebaud (Jean-Claude). Une autre vie est possible. Pocket, 2014

(3)            Vidéo de Jean-Claude Guillebaud : https://www.youtube.com/watch?v=aHqrGM9jZ1Q

(4)            Sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : « Espérer et agir. Agir et espérer » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=900

 

 

Sur ce blog, voir aussi :

 

« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917

 

« L’avenir inachevé de Dieu » : https://vivreetesperer.com/?p=1884

 

« Pour une société collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1534

 

« Une vision de la liberté » : https://vivreetesperer.com/?p=1343

 

« Une révolution de l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

Anne-Sophie Novel : militante écologiste et pionnière de l’économie collaborative

 

 

Chercher et communiquer pour agir

 

Dans son « talk » en 2014 à Ted x Nantes (1) , Anne-Sophie Novel retrace son parcours de militante écologiste et de pionnière de l’économie collaborative. A travers un travail soutenu de communication et d’expression sur internet, elle a contribué efficacement à l’avancement des causes dans lesquelles elle est engagée. Son influence s’exerce à travers la relation et le partage, aussi a-t-elle pu intituler son intervention : « Cultiver son pouvoir d’agir ». Anne-Sophie Novel écrit aussi des livres. Et, sur ce blog, nous avons rendu compte de son livre pionnier : « Vive la COrévolution.  Pour une société collaborative » (2). Ainsi, nous sommes heureux de retrouver Anne-Sophie Novel dans ce talk où nous découvrons son parcours et les convictions qui l’animent.

 

A la suite de l’attentat contre le World Trade Center à New-York en 2001, observant la rapide réouverture de Wall Street, elle s’interroge sur les rapports entre l’économie et le terrorisme et entreprend une thèse sur ce sujet. Au cours de ce travail, deux conclusions lui viennent à l’esprit : « La majorité des attentats sont liés à des conflits autour des ressources naturelles. La menace terroriste n’est rien au regard de la menace écologique ».

 

En 2007, elle s’engage davantage dans la promotion de l’écologie avec « l’Alliance pour la planète » et la réalisation d’un blog : « A l’évidence ». et d’un site connectant l’information dans ce domaine : « Ecolo info ». En 2009, dans le milieu de l’information, elle participe activement à la Conférence de Copenhague. Dans la déception engendrée par les blocages qui ont entravé cette conférence, elle est amenée à exprimer deux convictions : « Le changement ne viendra pas du haut, mais du bas à des échelles ultralocales, au niveau des villes et des territoires. Le changement est déjà en marche. La société civile et les citoyens agissent de partout. Parce que cela va mal et parce qu’ils veulent aussi réinventer leur quotidien ».

 

« J’ai envie d’en parler, donc je m’intéresse et j’explore l’idée selon laquelle le partage va changer le monde. Je commence à faire une veille sur la coopération ». Les termes varient selon les pays : « collaboration radicale » aux Etats-Unis, « co-opportunité » en Grande-Bretagne.  En France, on commence à parler de « consommation collaborative ». « Et là, cela fait tilt. Je réalise qu’on n’est pas en train de vivre une simple crise. Nous sommes dans une transition. Chaque jour, des pans entiers de notre économie sont en train de se fissurer. Des failles béantes laissent s’immiscer des jalons d’une nouvelle économie. On a appris avec le web et le numérique à partager de l’information et maintenant on partage bien plus que de l’information » dans des aspects très divers de notre vie quotidienne. « Nous sommes interconnectés en permanence. Sous couvert de crise économique, nous sommes en train de retisser du lien social et cela a un effet positif  pour la planète. En réalité, nous sommes en train de court-circuiter l’économie classique. La consommation, la production, la distribution, la finance, l’éducation, la politique sont en train de se fissurer et vont devoir se réinventer de l’intérieur. Les ONG, avec de nouveaux pouvoirs d’agir, ont une force supplémentaire. Les organisations vieillissantes, hiérarchiques, descendantes vont devoir s’horizontaliser et, finalement, on ne devra plus manager, mais faciliter les échanges dans les organisations. C’est ce que j’ai appelé une « Co-révolution ». De fait, le livre d’Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot éclaire pour nous le nouveau monde qui est en train de naître.

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Dans cette vidéo, en annonçant des points de vigilance, Anne Sophie-Novel nous propose des pistes pour comprendre le changement et pour avancer.

«  Le monde, dans lequel nous vivons, s’accélère. Il se complexifie. Il crée des crispations. Il crée une montée des extrêmes. Mais je crois qu’on doit quand même abandonner les idées provinciales. Changer n’est pas facile, mais cela se travaille ». C’est un temps de crise et on ne retrouvera pas la situation antérieure. « On va passer par des zones de turbulence qu’on a jamais connu jusque là.  Il vaut mieux anticiper pour imaginer de nouveaux possibles ».

« L’économie collaborative ou la co-révolution sont parmi ces possibles. Mais à quoi bon référencer ses biens en ligne si c’est pour marchandiser la plus petite intimité de notre vie. Il nous faut promouvoir beaucoup de transparence et de logique ouverte. L’innovation ne sert de rien si on ne développe pas également une vision plus adaptée aux enjeux d’aujourd’hui ».

 

Aujourd’hui, on dispose de toutes les solutions, de tous les rapports. « Ce qui nous manque bien souvent, c’est une vision et des dirigeants qui ont le courage de s’engager dans cette vision. Mais nous, avec notre pouvoir d’agir, nous avons tout pour les y mener. Let’s go ! »

 

Dans ce talk, Anne-Sophie Novel nous invite à cultiver « notre pouvoir d’agir ».  Tout au long de son parcours, elle a réalisé des outils de communication pour partager : des blogs (3), des livres (4)… Elle associe recherche, expertise et communication.

D’expérience, nous savons que le changement passe par une évolution des représentations, car celles-ci induisent nos comportements. Notre pouvoir d’agir, c’est bien de contribuer à cette évolution.  Ensemble, nous pouvons partager la vision et l’enthousiasme qu’Anne-Sophie Novel nous communique.

 

J H

 

(1)            « Cultiver son pouvoir d’agir » : Anne-Sophie Novel à TEDx Nantes : http://tedxnantes.fr/?p=396

(2)            Novel (Anne-Sophie) Riot (Stéphane). Vive la COrévolution ! Pour une société collaborative. Alternatives, 2012 (Manifestô)       Mise en perspective sur ce blog : « Une révolution de « l’être ensemble » : https://vivreetesperer.com/?p=1394

(3)            Blogs : « De moins en mieux » : http://www.demoinsenmieux.com/   « Même pas mal. Partage d’initiatives pour mode de vie en temps de crise » : http://alternatives.blog.lemonde.fr/a-propos/

(4)            Novel (Anne-Sophie). La Vie Share. Mode d’emploi. Alternatives, 2013 . En automne 2014, vient de paraître un recueil de 10 entretiens édité par Olivier Le Naire : Le Naire (Olivier) ed. Nos voies d’espérance. Entretiens avec dix grands témoins pour retrouver la confiance. Actes Sud/ Les liens qui libèrent.  Contribution de Anne-Sophie Novel : « Apprendre à partager. Humaniser l’économie. De la lucidité » p 59-80.  Le point sur la pensée de Anne-Sophie Novel. Voir à ce sujet en vidéo, une courte intervention de l’auteure. http://www.dailymotion.com/video/x25a3u7_anne-sophie-novel-2-nve_webcam

 

Sur ce blog, voir aussi :

« Pour une société collaborative ! Un avenir pour l’humanité dans l’inspiration de l’Esprit » https://vivreetesperer.com/?p=1534

« L’ére numérique. Glles Babinet, un guide pour entrer dans ce nouveau monde » https://vivreetesperer.com/?p=1812

« Un mouvement émergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture.  OuiShare : une communauté leader dans le champ de l’économie collaborative » https://vivreetesperer.com/?p=1866

« Votre corps n’est que la harpe de votre âme et c’est à vous qu’il revient d’en tirer accord mélodieux ou sons désaccordés » Khalil Gibran

 

 

L’association de ces vers écrits par Khalil Gibran, poète libanais, à la vidéo de Anja Linder (1), célèbre harpiste, peut sembler incongrue.

Anja Linder a justement perdu l’usage de ses jambes, ce qui est très handicapant pour jouer de cet instrument qui possède 7 pédales.

Si « le corps est la harpe de notre âme », que se passe-t-il lorsque ce corps est amputé ?

N’y a-t-il plus d’expression possible de notre âme ?

 

Ces deux êtres ont chacun vécu des choses extrêmement dures dans leur vie.

Et pourtant, le résultat de leur expression, littéraire pour l’un et musicale pour l’autre, en est magnifique, sublime de poésie, de beauté, de délicatesse … celles-là même qui émergent des profondes douleurs.…

 

La vie difficile de ce poète a fait naître en lui ces doux vers empreints de pureté.

La situation de handicap a fait naître chez Anja Linder cette même pureté dans le son, dans l’interprétation, même délicatesse quand elle caresse les cordes de sa harpe.

 

Oui le corps de Anja Linder se trouve privé de l’usage de ses jambes, mais c’est alors Anja Linder toute entière qui devient « la harpe de son âme ». Il suffit

– de regarder ses mains pour sentir la douceur du glissement ou du pincement,

– d’être attentif à son visage pour y lire l’émotion qui la fait vibrer quand elle joue cette mélodie, et qui tour à tour la remplit de sérénité ou la bouleverse.

(Vidéo, position 6mn50)

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Ses jambes ne répondent plus, sa paralysie aurait pu l’immobiliser, physiquement et psychiquement.

Elle aurait pu se laisser porter (au sens propre et au sens figuré), se laisser « passivement » pousser dans son fauteuil.

Or elle a choisi une autre voie : son vrai moteur, c‘est sa passion, et la détermination qui y est associée, cette détermination qui lui a fait refuser de croire tout ce qu’on lui prédisait.

 

Elle s’est accrochée et la « vie » lui a permis de croiser sur son chemin des êtres merveilleux….

Et la voilà qui rebondit, se reconstruit… et en arrive à transmettre quelque chose d’encore plus beau, plus fort que tout ce qu’elle pouvait transmettre auparavant… Pour notre plus grand plaisir et notre plus bel enseignement.

Son témoignage de vie et l’interprétation musicale toute empreinte de sensibilité qu’elle nous propose, sont indissociables l’un de l’autre.

 

C’est vraiment cela que je veux retenir, et qui sous tend ma motivation profonde dans l’activité de coaching que j’exerce : nous possédons tous en nous de merveilleuses richesses, parfois insoupçonnées, et souvent inexploitées.

Quelle que soit nos expériences de vie, aussi douloureuses soient-elles, la décision nous appartient : que voulons-nous faire de cette expérience, de cette rupture, de ce trauma ?

Les difficultés peuvent faire naître colère, aigreur, rancune…. comme elles peuvent faire fleurir une sensibilité extrême qui émerge des profondeurs de l’âme blessée, sensibilité qui ne demande qu’à éclore, pour le plus grand bonheur et bénéfice des autres : expression artistique, attention à autrui…

 

Etre porteur de Vie, de foi, et d’espérance… au-delà du trauma, pour porter témoignage

– que le rebond personnel est possible,

– que les valeurs d’entraide, de compassion… ne sont pas des vains mots, et qu’ils bénéficient tout autant à celui qui reçoit, à celui qui donne et à ceux qui en sont témoins.

 

N’abandonnez jamais… quoiqu’il arrive, battez-vous ; cherchez en vous les talents à exploiter…

Ils seront votre force, et serviront d’exemple à d’autres par votre rayonnement.

 

Merci à Anja Linder : cette vidéo est un bel hymne à la Vie, vie plus forte que la mort.

 

Béatrice Ginguay

 

(1) « Ma vie, c’est jouer et avancer avec légèreté » : expression d’Anja Linder filmée au théâtre du Chatelet le 5 octobre 2014 dans le cadre d’une rencontre de TEDx Paris . On trouvera parmi les autres « talks » de cette session, quelques témoignages qui nous paraissent particulièrement originaux et porteurs de sens.

http://www.tedxparis.com/anja-linder-ma-vie-cest-jouer-et-avancer-avec-legerete/

De cadre infirmier à coach de vie

Accompagner les personnes pour les aider à rebondir après une épreuve.

Changer de profession, c’est vivre une transformation dans notre vie sociale et dans notre vie personnelle. En répondant aux questions de Jean Hassenforder, Béatrice Ginguay partage son parcours qui l’a conduite, à partir de son expérience de cadre infirmier à devenir coach de vie.

 Béatrice, tu as vécu un passage professionnel de cadre infirmière à coach dans la santé. C’est une grande transformation. Comment vis-tu cette période?

Oui, d’une certaine manière, il s’agit effectivement d’un grand changement.

– Je suis passée d’un statut de « salariée » à un statut de « libérale ».

– J’ai quitté un travail d’équipe pour un travail plus individuel, bien que lors de certains accompagnements, je sois amenée à collaborer avec d’autres professionnels.

– Dans mon accompagnement en coaching, je prends en considération la vie toute entière (passée, présente et souhaitée pour l’avenir), ainsi que les différents aspects « corps, cœur, esprit ». Ceci se démarque de la plupart des prises en charge institutionnelles qui tendent à être séquencées et fragmentées.

A contrario, on pourrait parler d’une continuité, voire d’un aboutissement.

– En effet, la diversité des publics soignés et des expériences professionnelles vécues  au cours de ces dernières années m’ont, assurément, beaucoup servie, enrichie, et préparée à cette nouvelle étape.

– Et au-delà de l’aspect purement « professionnel », la préparation fut aussi « personnelle », au niveau d’une grande connaissance des « abysses humaines », de la capacité à écouter, recevoir, accueillir de manière bienveillante et sans jugement.

Afin de vivre au mieux et le plus professionnellement possible cette transformation, il m’a semblé indispensable de rester très vigilante et d’éviter l’isolement ; aussi suis-je en relation avec d’autres professionnels pour échanger sur mes pratiques.

#Quelles tâches professionnelles as-tu successivement exercées ?

#– J’ai suivi initialement une formation d’infirmière. A ce titre,
– J’ai exercé 3 ans dans une structure spécialisée en chirurgie thoracique.
– J’ai travaillé 6 ans dans l’univers carcéral : une Maison d’Arrêt et un hôpital pénitentiaire.
Puis j’ai suivi une formation de Cadre infirmier et de Chef de Service Médico-social. Ceci m’a permis d’assurer des fonctions de :

– Chef de Service d’un ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le   Travail – ex CAT) pendant 7 ans
– Cadre de Santé durant 10 ans dans un Etablissement Public de Santé Mentale (service d’hospitalisation pour adultes, puis extra hospitalier en pédopsychiatrie).

Quelles étaient les caractéristiques communes de ces tâches ?

Durant ces années, j’exerçais en structures « traditionnelles » : institutions sanitaires et médicosociales. La prise en charge dispensée y était essentiellement à visée « curative » et « éducative ».

Comment et en quoi as-tu ressenti des aspirations à un changement, le besoin d’une nouvelle approche ?

Plusieurs aspects :

Pour moi,  la personne soignée doit pouvoir bénéficier, dans le cadre de sa prise en charge et pour la pérennisation des résultats obtenus au cours de l’hospitalisation, d’une approche holistique ; ce qui signifie :

– prise en compte de la globalité de son environnement (familial, social …).

– intégration de la dimension « biopsychosociale », ainsi que de tous ses domaines de vie. Reconnaître, être attentif et intégrer le physique, le psychique, l’émotionnel, le professionnel, l’environnemental, le social, …

De plus, il m’est apparu, au fil des expériences, indispensable, pour renforcer le bénéfice acquis lors des hospitalisations, de proposer, de manière plus suivie, un accompagnement lors du retour de la personne à son domicile.

Néanmoins, dans les milieux institutionnels, cela relevait d’un véritable challenge au quotidien compte tenu des contraintes budgétaires de plus en plus fortes, et des difficultés grandissantes en termes d’effectifs.

Pour finir,  il s’est trouvé qu’au cours du dernier semestre 2012 et premier semestre 2013, des soucis personnels de santé m’ont obligée à envisager une réorientation.

Quelle a été alors l’orientation de ta recherche ?

J’ai souhaité mettre à profit mes expériences passées ainsi que les réflexions issues de mon parcours professionnel.

Deux éléments sous-tendent ainsi à ce jour ma motivation :

– en premier bien sûr, le mieux-être de la personne concernée ainsi que l’accompagnement et soutien des familles ou des aidants, lors de pathologies lourdes ou de Handicap.

– et la mise à disposition de mes compétences et expériences en tant que professionnelle, tout en veillant à respecter mes valeurs et mon intégrité personnelle.

Les réalités rencontrées antérieurement deviennent ainsi « moteur » pour proposer une approche globale, incluant si besoin les familles.

C’est dans ce cadre que ma recherche de cohérence interne maximale me permet de diffuser le meilleur de moi-même au niveau professionnel.

Qu’est ce qui a suscité ton intérêt pour la profession de coach ?

Comment l’as tu perçue au départ et comment l’as tu ensuite de plus en plus découverte ?

Quelles découvertes as tu faites en suivant cette formation pour être certifiée Master Coach ?

Qu’est ce qu’elle t’a apporté de nouveau ?

 En tant que coach, nous partons d’une situation présente que le client voudrait voir changer ou améliorer.

Le coach va dans un premier temps accompagner son client dans l’identification, et l’énoncé d’un objectif, puis au fur et à mesure des séances, ils vont ensemble travailler à « comment faire pour l’atteindre ? ».

La profession de coach m’a séduite par plusieurs aspects :

– Ecoute et disponibilité

– Approche résolument positive

– Accompagnement constructif et très concret

J’ai découvert des professionnels très investis, attentifs et soucieux d’accompagner les personnes dans leur problématique, ou leurs objectifs de vie, et très respectueux du rythme que les personnes voulaient elles-mêmes y donner (ou étaient à même de donner).

De plus, ces professionnels, semblaient  vivre en accord avec eux-mêmes et avec leurs valeurs.

J’y ai vu un lien avec leur statut « d’indépendant », et de distanciation d’avec les tensions et pressions institutionnelles.

Cela m’a ouvert d’autres perspectives et a eu comme un effet de « libération ».

Quelle relation s’est établie entre ta précédente pratique professionnelle et la nouvelle approche dans laquelle tu es entrée ?

Ma nouvelle fonction me semble être la continuité et l’aboutissement de ce que j’ai toujours cherché à apporter en tant que professionnelle.

Je vois dans mes expériences antérieures des étapes que je pourrais qualifier  de « préparation » et de « formation ».

Nos différents parcours professionnels, nos expériences de vie, nos formations…. sont autant d’éléments qui constituent les facettes d’un professionnel.

C’est pourquoi  l’accompagnement en coaching peut être très différent d’un coach à un autre.

Au plan sociologique, l’approche nouvelle de coaching me fait passer de structures fixes et organisées, à un fonctionnement en libéral et structure mobile.

Au plan humain, mon accompagnement de coaching vise à rendre les personnes « acteurs » de leur vie, alors que dans mon expérience précédente en structures « d’urgence » à visée curative, ces personnes étaient plus « passives », parce que encore choquées.

Je pourrais dire que je passe ainsi d’un objectif « to cure » à un accompagnement « to care ». Il s’agit maintenant d’impulser, dynamiser les personnes afin qu’elles soient le plus possible « acteur de leur vie ».

Ma démarche s’inscrit donc dans une dimension autant curative que préventive, et concerne tout aussi bien cette  personne que son entourage.

Enfin, il s’agit pour moi d’aider les personnes à passer du   « Pourquoi ? » à un  « Pour en faire quoi ? » et « Comment le faire ?».

La vie peut en effet réserver des changements à chaque instant.

Tout changement peut avoir un impact sur nous, et alors nécessiter un réajustement dans « l’ici et maintenant » …

La question qui se pose est donc : « en avons-nous les capacités au moment où cela arrive ? »

Peux tu décrire la nouvelle pratique professionnelle que tu es aujourd’hui en train d’explorer et d’inventer ?

Un certain nombre de personnes que j’ai rencontrées dans mes précédentes expériences professionnelles avaient côtoyé ou étaient encore dans ce que l’on pourrait  les « gouffres abyssaux » de la vie. Et j’ai pu constater que rapidement, elles se sentaient suffisamment en confiance pour m’en parler.

Dans la vie, nous assistons souvent à l’enclenchement de véritables spirales ; l’écoute que j’ai pu apporter a   développé en moi une foi  inconditionnelle et indestructible en l’être humain, et cette foi est devenue un puissant moteur pour renforcer cette passion envers l’être humain   …. J’ai ainsi développé une sorte d’addiction  J

Aussi mon projet de coaching s’est-il orienté très rapidement autour des « Ruptures de Vie ». Ces ruptures peuvent toucher différents domaines :

– professionnel : licenciement, réorientation professionnelle, retraite…

– personnel :

– vie familiale : divorce, naissance prématurée, naissance prématurée, adolescence difficile d’un enfant…

– affectif : deuil, séparation …

– santé organique/psychique : handicap, pathologie aigüe/chronique …

Il me faut rajouter que j’ai, depuis toujours, établi une relation tout à fait particulière avec les animaux.

C’est ainsi que j’ai suivi il y a quelques années une double formation de Thérapie avec le Cheval (FENTAC –Fédération Nationale des Thérapies avec le Cheval- et Handicheval).

Je propose ainsi des coachings associant la médiation animale, avec le chien ou le cheval.

Cet aspect sera plus amplement développé sur mon site internet, qui est encore à ce jour en cours de construction.

En comparant ton ancienne et ta nouvelle pratique professionnelle, quelles sont les approches nouvelles que tu mets en œuvre ?

Il est certain que dans une relation de coaching, le lien qui se tisse entre le coaché et le coach est fondamental pour aboutir à une relation de confiance.

Le coach peut alors véritablement devenir « partenaire en réussite ».

Dans les situations extrêmes, mon objectif premier devient:

– Dénicher la moindre étincelle de vie,

– Raviver les braises,

– Alimenter la flamme renaissante  ….

Dans ce travail dynamique de synthèse, comment envisages-tu la collaboration avec d’autres professions ?

J’ai travaillé pendant 30 ans en équipe.

Les relations professionnelles entre personnels de santé, ne sont certes pas toujours faciles. Néanmoins, elles sont très enrichissantes, voire indispensables dans la mesure où un être humain est complexe. Les portes d’entrée pour aider une personne sont donc multiples.

Celle-ci va nous proposer une porte d’entrée. Il s’agit pour nous de la respecter et de rentrer par cette porte qu’il nous ouvre ou nous entrouvre. … et non pas de forcer une porte fermée souvent par protection.

En tant que professionnels de santé, nos personnalités, compétences, formations professionnelles …. sont différentes et complémentaires. Mises ensemble, elles nous permettent d’approcher au mieux la problématique spécifique de cette personne.

C’est en découvrant les différentes « facettes » de l’être que la complémentarité prend tout son sens

Nous pouvons ainsi en avoir une vision la plus large possible.

En résumé, cette collaboration, je l’ai déjà exprimé, me semble indispensable.

C’est la raison pour laquelle je décline ma conception d’accompagnement en coaching sous 2 formes :

– la forme individuelle, en tant que seul professionnel « en action »

– la forme de binôme : interventions de 2 ou plusieurs professionnels, que ce soit de manière parallèle ou simultanée. Il peut s’agir par exemple d’une collaboration avec un psychologue, psychiatre, psychomotricien….

Cela nécessite bien entendu l’accord de la personne accompagnée, ainsi que l’accord de cet autre professionnel avec qui un lien de confiance doit également s’établir.

Les échanges entre professionnels peuvent avoir lieu de manière ponctuelle, sous forme de bilans réguliers, et/ou de séance rassemblant les 3 personnes concernées.

Le contenu peut en être :

– un transfert d’informations,

– un bilan sur l’avancée vers les objectifs réciproques,

– un partage sur des interrogations émergeant suite à une situation rencontrée,

– la sollicitation d’un avis éclairé par rapport à la spécificité de l’autre professionnel

– …

Peux tu nous décrire les premières expériences qui s’inscrivent dans ce parcours ?

Mes premières expériences :

– une jeune fille se trouvait être en rupture scolaire pour raisons familiales. Elle devait à court terme effectuer un stage en ESAT. Son objectif était d’arriver à transformer ce stage en embauche. Objectif réussi.

– une  cliente, en situation d’épuisement professionnel. Son objectif était de trouver une nouvelle orientation professionnelle dans laquelle elle puisse s’épanouir. Elle propose  aujourd’hui des massages « bien-être et relaxation » d’une très grande qualité, dans un contexte d’écoute et de mise en confiance que j’ai rarement connu ailleurs.

– une jeune femme brillante dont l’objectif était d’arriver à gérer émotionnellement des situations complexes au niveau professionnel. Le coaching nous a amené à travailler sur des peurs remontant à la petite enfance. Cet accompagnement l’a beaucoup aidée et a rajouté une plus value importante à son expertise professionnelle existante.

– une maman en rupture affective. Son objectif était de vivre au mieux sa séparation et  trouver le juste positionnement pour minimiser les conséquences pour ses enfants.

– Une jeune femme, récemment licenciée, souhaitant retrouver un nouvel emploi. Cette épreuve a fait resurgir des grosses problématiques (relationnelles et traumatiques) remontant à l’enfance.

– Un homme porté sur la boisson. Un défi sportif retenu en commun l’a soutenu et aidé à puiser la détermination là où il pensait ne pas pouvoir tenir.

Les personnes accompagnées ont été très satisfaites. Et ce fut pour moi, au-delà de l’atteinte des objectifs, de la joie et fierté de ces personnes, de merveilleux moments de partage très enrichissants.

En quelques mots, quel sens perçois-tu dans ton parcours ?

Je ressens beaucoup d’émotions face à la richesse de mon parcours professionnel. Certaines expériences m’ont profondément transformée.

J’ai l’impression que ma profession de coach me permet de rassembler toujours un peu plus les différentes pièces de mon puzzle professionnel au service des personnes qui font appel à moi.

Pour moi, le coaching est une approche qui s’appuie sur un cœur de métier, une expertise.

Mon cœur de métier est le Soin, la Santé. J’accompagne donc les personnes dans leur Santé.

Rappelons que la Santé

« ne consiste pas uniquement en un état de bien-être physique, psychologique, social …. »

La santé,  « c’est aussi avoir les capacités d’adaptation dans un monde en constante évolution » (Définition de l’OMS – Organisation Mondiale de la Santé).

Il s’agit pour chacun d’entre nous de s’adapter à chacune des situations qui se présentent sur notre parcours de vie, que ce soit celles venant du monde extérieur ou venant de notre monde intérieur.

Et le coach de santé que je suis va stimuler, accompagner ce processus d’adaptation.

Il s’agit à chaque fois d’une découverte magnifique et d’une expérience nouvelle, menée à 2, dans laquelle la personne se dévoile, se découvre, s’enrichit et s’épanouit… pour quelque chose de « mieux ».

Le coaching est une approche fondée sur le relationnel. Il s’appuie sur un lien de confiance réciproque.

J’ai foi en l’Homme, en ses capacités, en ce qu’il peut donner et offrir.

Je suis intimement persuadée que l’être humain a en lui de formidables ressources et capacités de rebond.

Seulement, nous ne les connaissons pas toujours. Nos qualités, nos talents ont parfois été étouffés :

– inhibés car non reconnus par notre environnement,

– ou mis en veille par l’absence de situations qui en auraient permis la révélation et l’expression.

Il faut alors les REdécouvrir car ils constituent un puissant moteur de réussite personnelle.

En conclusion, mon expérience de coach de vie (accompagner des personnes en rupture de vie) m’a permis d’identifier en moi une réelle et profonde aspiration : proposer du « coaching de la Vie ».

Il s’agit de transmettre un souffle de vie, de ranimer la petite flamme de vie qui perdure en chacun de nous, même au cœur des situations les plus difficiles.

Contribution de Béatrice Ginguay