Non-violence : une démarche spirituelle et politique

Mandela et Gandhi, acteurs de libération et de réconciliation

Selon Eric et Sophie Vinson

518-zvi9UyL._SX319_BO1,204,203,200_ Vaincre une oppression à travers une action non-violente, est-ce possible ? Comment une telle lutte peut-elle l’emporter face à un grand pouvoir ? Lorsqu’on visite l’histoire du XXé siècle, on y rencontre de grands malheurs, mais aussi de grands mouvements de libération, qui ont remporté la victoire sans recourir à la violence. De grandes figures jalonnent ce parcours : Gandhi, Mandela, Martin Luther King (1). Sur un registre plus discret, d’autres mouvements ont œuvré pour la paix et la réconciliation à travers des rencontres bienveillantes. Ce fut le cas du Réarmement moral suscité par Frank Buchman, qui, après la seconde guerre mondiale a agi en faveur de la réconciliation franco-allemande et pour une transition pacifique vers l’indépendance dans certains pays d’Afrique (2). Aujourd’hui, l’aspiration à résoudre pacifiquement les conflits se poursuit. Ainsi se développe actuellement une approche de « Communication non- violente » (CNV), telle qu’elle a été conçue par un pionnier, Marshall Rosenberg (3). Cette approche peut s’appliquer dans diverses situations. Aujourd’hui, on prend conscience que « La paix, ça s’apprend », comme nous y invite un livre récent de Thomas d’Ansembourg (4).

Face à la violence, ce qui compte en premier, c’est un état d’esprit : un choix de paix, une volonté de bienveillance. Cette disposition est source de courage, de patience et de créativité. Elle transforme les relations. Gandhi et Mandela se rejoignent dans l’histoire par la manière dont ils ont remporté la victoire sur des forces d’oppression. Eric Vinson et Sophie Viguier-Vinson ont consacré un livre à cette dynamique de paix : « Mandela et Gandhi. La sagesse peut-elle changer le monde ? » (5). Effectivement, ces deux hommes, aujourd’hui célèbres, ne sont pas sans rapport. En effet, si l’engagement de Gandhi est chronologiquement antérieur à celui de Mandela, il y a entre eux une forte interconnexion à travers un champ commun : l’Afrique australe, un adversaire semblable : l’impérialisme colonial occidental, des modes d’action comparables : le primat de la non-violence avec une part d’inspiration chrétienne. Voici deux personnalités qui ont marqué le XXè siècle dans des séquences historiques différentes.

 

Itinéraires

Rappelons brièvement les itinéraires.

Gandhi demeure aujourd’hui encore une source d’inspiration. Car s’il s’inscrit dans un univers culturel spécifique, il anticipe également à travers une conscience de la non-violence et de l’écologie. Sa culture s’enracine dans un entre-deux entre l’Inde et l’Angleterre à la fin du XIXè siècle. Et lorsqu’il rejoint la communauté indienne de l’Afrique Australe, il y découvre la sujétion à laquelle cette communauté est soumise par le pouvoir local. A partir de 1906, à travers sa profession d’avocat, il s’engage dans des campagnes de « désobéissance civile » contre les discriminations. De retour en Inde à partir de 1915,  son action pour libérer le pays du pouvoir colonial va se dérouler pendant plusieurs décennies jusqu’aux années de l’après-guerre où l’indépendance l’emporte et où Gandhi est assassiné en 1948. Et pendant toutes ces années, Gandhi a mené la lutte en conjuguant plusieurs orientations : spirituelles, sociales, politiques et écologiques.

Né en 1918, Nelson Mandela grandit dans l’ambiance très libre d’une communauté rurale africaine. Lorsqu’il arrive en ville, il achève ses études d’avocat et commence à participer à la lutte contre l’apartheid menée par le Congrès national africain (ANC). Il prend une place grandissante dans ce combat et, en 1962, il est condamné à un emprisonnement de longue durée. Il va ainsi resté prisonnier pendant 27 ans, d’abord au pénitencier de Robben Island, puis bien plus tard, dans une condition plus libérale, jusqu’à sa libération en 1990. Dans sa négociation avec le pouvoir dominant, il parvient à imposer la fin de l’apartheid et à initier un processus politique non- violent à travers lequel, en 1994, il accède à la présidence par des élections démocratiques. Comme président, il va assurer la transition démocratique jusqu’en 1999. Les auteurs du livre écrivent à ce sujet : « C’est un immense et incomparable changement. Multiséculaire,  le régime fondé sur la discrimination raciale a donc pris fin, avec sa version la plus achevée : l’apartheid en place depuis 45 ans. Pas à pas, ce dernier va être remplacé par une démocratie représentative, égalitaire en droits. Le tout sans une guerre civile totale » (p 171) .

Ces notations très schématiques sur l’itinéraire de ces deux grandes personnalités, des géants de l’histoire, vont nous permettre d’aborder maintenant les caractéristiques de l’action non-violente et une initiative de réconciliation sans égale : la  Commission Vérité et Réconciliation organisée sous l’impulsion de l’archevêque Desmond Tutu. Au passage nous observerons les ressources spirituelles, morales et intellectuelles qui ont permis la victoire de cette action non-violente.

 

Une lutte non-violente

Dans la lutte menée contre la domination coloniale, Gandhi et Mandela ont mis en œuvre une action non-violente.

Gandhi a ouvert la voie. Pourquoi et comment Gandhi a-t-il choisi ce mode d’action ? Ce livre nous explique son cheminement. C’est tout d’abord une attitude d’inspiration spirituelle qui s’est développée dans son milieu familial et culturel. « C’est dans son cadre domestique que Gandhi est sensibilisé à la notion centrale dans le jaïnisme, d’ « ahima » qui revient  à « ne léser aucune vie », signifiant littéralement « non-nuisance » en sanskrit. Ce terme essentiel chez Gandhi, est le plus souvent rendu dans les langues occidentales par le terme de « non-violence ». Norme éthique et spirituelle, ce principe caractérise la voie mystique et ascétique, née du sous-continent indien… ». D’action en réaction, « la violence conduit à la souffrance de tous ». « La non-nuisance, et à fortiori l’altruisme aimant et compatissant permettent de rompre un cercle vicieux pour conduire à terme tous les êtres à la sagesse et au bonheur » (p 34). C’est dans cet état d’esprit : « un idéal de maitrise de soi bienveillante » qu’en 1888, Gandhi quitte sa patrie pour venir à Londres étudier le droit. Et, dans cette capitale-monde, il va poursuivre son cheminement spirituel dans la rencontre de différents courants religieux et philosophiques occidentaux, mais aussi orientaux. Ainsi raconte-t-il que le « Sermon sur la Montagne » lui alla droit au cœur. « Et moi, je vous dis de ne pas résister à celui qui vous maltraite… ». Ma jeune intelligence s’efforça d’unir dans un même enseignement la Gitâ, la Lumière de l’Asie et le Sermon sur la Montagne » ( p 47).  Et lorsque, avocat diplômé, il rejoint l’Afrique du Sud, en 1893, il va poursuivre ses lectures et trouver une inspiration chez des auteurs comme H.D. Thoreau, Ruskin et Tolstoï.

En Afrique du Sud, Gandhi subit quelques expériences humiliantes de discrimination. Cependant, la communauté indienne est prospère et ce n’est qu’au début du XXè siècle qu’elle se trouve menacée. En 1906, face à un projet de discrimination des asiatiques, Gandhi s’engage dans une action non-violente. Cette lutte va se poursuivre dans les années suivantes : marches de protestation, emprisonnements. Gandhi exprime cette désobéissance civile dans un terme indien : « satyagraha » : « idée de fermeté-vérité », de « force de la vérité ». Les auteurs notent la capacité de Gandhi de négocier en accordant une confiance qui a été parfois trahie . «  Un satyagrahi » n’a jamais peur de faire confiance à son adversaire… au nom de la confiance implicite dans la nature humaine qui fait partie de sa philosophie…Une logique comparable à celle de Mandela toujours soucieux de maintenir ou de rétablir un lien d’humanité, par delà les antagonismes politiques (p 98). De retour en Inde en 1915, Gandhi, accueilli en héro et baptisé Mahatma (la grande âme) s’engage sur plusieurs fronts : « Parallèlement aux actions non-violentes, il met en œuvre de  multiples leviers économiques, éducatifs, sanitaires, culturels, permettant aux personnes et communautés de véritablement rompre à long terme avec un système injuste » (p 103).

Le leadership de Gandhi dans les campagnes d’action non-violente menées par la communauté indiennes au début du XXè siècle en Afrique du Sud a exercé une grande influence à long terme et ce mode d’action a été repris par le Congrès National Africain et par Mandela après la seconde guerre mondiale dans la lutte contre l’apartheid institué en 1948.

Mandela a grandi en liberté dans un milieu rural inspiré par une spiritualité traditionnelle et par une foi chrétienne méthodiste. Puis il rejoint Johannesburg, la grande ville, en 1941 et ses études débouchent sur une profession d’avocat. Ses lectures sont variées et incluent des oeuvres marxistes. Son engagement dans la lutte menée par le Congrès National Africain (ANC) contre l’apartheid est de plus en plus marqué. Cette action s’exerce dans une pratique non violente telle qu’elle a été inaugurée par Gandhi dans ce pays et qu’elle a continué ensuite à inspirer l’organisation africaine. En 1952, une vaste mobilisation défiant le gouvernement emprunte ce mode d’action. Mandela expérimente pour la première fois la répression et l’incarcération.        « Il subit la brutalité des gardiens, mais goute aussi la camaraderie des codétenus. Alors que nous allions en prison, les voix des volontaires qui chantaient : « Nkosi sikelel iAfrika » (« Dieu bénisse l’Afrique ») faisaient vibrer les camions » (p 107). Mandela sort transformé de la campagne de 1952. « Elle m’avait libéré de tout sentiment de doute ou d’infériorité que je pouvais avoir… » (p 107).

Au début des années 60, dans un climat de grande tension, un débat s’ouvre où Mandela en vient à préconiser la création d’une branche militaire au sein de l’ANC. Il s’en explique par la suite en ces termes : « j’ai suivi la stratégie Gandhienne autant que j’ai pu, mais notre lutte arrive à un point où la force brutale de l’oppresseur ne pouvait plus être contrée par la seule résistance passive. Nous avons donc fondé une branche militaire. Mais, même alors, nous avons choisi le sabotage parce qu’il n’impliquait pas mort d’homme, et que cela ménageait le meilleur espoir pour les relations raciales à venir » (p 124). Mais très vite, il est arrêté à la fin de1962. Il est condamné à la prison à perpétuité. Il va rester en détention plus de 27 ans. Dès le début, il décide de résister et d’imposer le respect à ses surveillants. C’est une résistance non violente qui prend des formes multiples. Ses armes sont d’abord le droit. La fraternité, l’étude, l’autodiscipline s’inscrivent dans cette voie militante. Pour Mandela, cette détention est aussi une expérience intérieure. Et, « capitaine de son âme », Mandela va aussi le rester intellectuellement en lisant et en apprenant (p 131). Cependant, au fil des années, ses rapports avec l’administration pénitentiaire vont évoluer. Ce livre nous décrit l’influence d’une attitude non violente par rapport aux gardiens et l’évolution intérieure de Mandela. « La métamorphose du prisonnier Mandela a permis une humanisation contagieuse dont il a ensuite bénéficié. Il a lâché prise, s’est apaisé, a puisé au plus profond et s’est renforcé jusqu’à pouvoir s’ouvrir à  ses ennemis dont il partageait alors la vie. Et les regarder avec compassion, ce qui a déclenché en eux… un processus mimétique. Devenu plus attentif à son humanité, à son intériorité, en les cultivant, il a modifié ses qualités de présence et de relation, et, à long terme, cela a fait la différence comme si les autres cœurs environnants s’étaient mis peu à peu au diapason » (p 152).

Réconciliation, justice, réparation, pacification

 

La Commission Vérité et Réconciliation

A travers une lutte non violente, Gandhi et Mandela sont parvenus à obtenir la libération de peuples opprimés. Sous la direction de Mandela, l’Afrique du Sud a également évité les affres de la guerre civile.  Cependant, issu des souffrances du passé, un mal intérieur profond demeurait. « La politique d’apartheid a créé une blessure profonde dans mon pays et dans mon peuple. Il nous faudra des années et peut-être des générations pour guérir de ce mal terrible » écrit Mandela à la fin de ses mémoires ( p 177). Ici encore Mandela va jouer un rôle décisif : dépasser l’alternative tragique du maitre et de l’esclave théorisée par Hegel, selon le commentaire des auteurs du livre. C’est un humanisme spirituel. Barack Obama l’a souligné : Mandela « comprenait les liens qui unissent l’esprit humain… « l’ubuntu » incarne son plus grand don : celui d’avoir reconnu que nous sommes tous unis par des liens invisibles, que l’humanité repose sur un même fondement, que nous nous réalisons en donnant de nous-mêmes aux autres. Non seulement, il incarnait l’ubuntu, mais il avait aussi appris à des millions d’autres à découvrir cette vérité en eux. Il fallut un homme comme Mandela pour libérer non seulement le prisonnier, mais aussi le geôlier » ( p 178).

Dans ce contexte, une innovation va apparaître : la création de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sous l’impulsion de l’archevêque anglican Desmond Tutu. C’est la mise en œuvre d’un processus de réconciliation et de guérison collective. Dans un contexte de médiation, puissamment porté par une dimension spirituelle et religieuse d’inspiration chrétienne, une expression concrète des victimes et des bourreaux va pouvoir advenir. « Les victimes sud-africaines pourront dire à haute voix les coups reçus, les peines vécues, et les bourreaux d’hier, le mal qu’ils ont fait, en tant qu’agents institutionnels du régime » (p 184). « La commission recueille les récits des forfaits subis entre 1960 et 1994 dans le cadre de l’apartheid et elle écoute leurs auteurs (perpetrators) sur la base du volontariat. De quoi établir la vérité des faits en permettant à ceux qui les ont perpétrés d’avouer publiquement pour les aider à se libérer de leur culpabilité » (p 185), cette confession pouvant déboucher sur une amnistie. Le processus va effectivement assainir le climat. « L’amnistie publique accordée d’un commun accord… et la « réconciliation » refondent l’Afrique du Sud d’après l’apartheid, constate le spécialiste du pays, PJ Salazar » (p 188).

Cette innovation spécifique est aussi un exemple pour l’humanité d’aujourd’hui. Dans un certain contexte, une forme de réparation, une réconciliation peut advenir dans un processus social de médiation. Les auteurs du livre ont une formule heureuse pour caractériser les fruits de ce processus : « C’est la refondation éthico-spirituelle d’une nation » (p 188). Ils nous aident également à en comprendre les ressorts.

La composante chrétienne, et plus généralement religieuse, de ce processus est évidente. Elle se manifeste notamment à travers le rôle majeur joué par Desmond Tutu, un pasteur-prêtre anglican, engagé de longue date, dans la lutte non violente contre l’apartheid et dans une vision spirituelle imprégnée d’œcuménisme et de dialogue interreligieux. Ainsi, au cours de l’histoire, si la religion a pu être un outil de domination suscitant le rejet, elle a été et elle est également une force de libération.

Un des fruits de ce processus est aussi l’éclosion d’une « justice réparative ». «  Cette forme de justice cherche à mobiliser tous et chacun, dans la quête de solutions pragmatiques permettant la réponse d’une vie commune apaisée… Elle résulte d’une combinaison de droit et de politique, de droit et d’anthropologie, de droit et de psychologie » explique le magistrat Garapon (p 191).

Ainsi, l’œuvre de la Commission Vérité et Réconciliation se situe à un confluent. Différents apports s’y croisent et s’y enrichissent mutuellement et des fruits diversifiés en résultent. En cette terre africaine, la sagesse locale de l’ubuntu, c’est la reconnaissance de l’interdépendance entre les hommes qui s’inscrit dans une transcendance. C’est une approche dans laquelle Mandela et Gandhi se rejoignent et que Desmond Tutu a pu exprimer en termes théologiques. C’est bien là aussi un apport à toute l’humanité.

Ainsi ce livre d’Eric et de Sophie Vinson se révèle une précieuse contribution. Il nous éclaire sur un aspect significatif de l’histoire du XXè siècle, un registre de lumière en regard des ravages engendrés par des idéologies totalitaires. Il nous montre le caractère réaliste d’une approche encore souvent méconnue : la non violence. Cette approche exigeante requiert une inspiration qui s’appuie sur des ressources spirituelles, religieuses, philosophiques. A travers une analyse historique fortement documentée, ce livre nous en fait part. Enfin cet ouvrage nous permet d’apprécier le rôle des personnalités ; la part des hommes dans l’histoire. Le leadership de Gandhi et de Mandela a permis à des peuples entiers d’accéder à une libération et d’échapper à des grands malheurs. En croisant les itinéraires de ces deux leaders, les auteurs nous permettent de mieux comprendre les ressorts de leur action. Et ils nous introduisent dans la dimension spirituelle de la politique. « Chacun à leur façon, Gandhi et Mandela manifestent une certaine manière de vivre et de faire de la politique. Ils s’imposent comme des figures singulières, en ce qu’ils connectent le débat démocratique avec une autre dimension de l’existence à la fois personnelle, universelle et transcendante ». ( p 249) (6). « D’autres figures historiques se sont inscrites dans cette démarche et forment une même famille, celle des démocrates spirituels, qui articulent démocratie et intériorité, intime et collectif, tradition et modernité. Ces hommes mobilisent le champ sémantique et pratique du spirituel »  (p 250). Voici  un livre qui appelle une large audience.

J H

 

(1)            Sur ce blog : « la vision mobilisatrice de Martin Luther King «  I have a dream » : https://vivreetesperer.com/?p=1493

(2)            La riche histoire du Réarmement moral et de son fondateur Frank Buchman est relatée sur la « free wikipedia ». C’est l’appel au changement personnel pour contribuer au changement du monde. En 2001, le mouvement prend un nouveau nom : « Initiatives et changement » : https://en.wikipedia.org/wiki/Moral_Re-Armament                 Acteur d’Initiatives et changement, Frédéric Chavanne œuvre pour la réconciliation des peuples, notamment dans la relation France-Maghreb. Sur ce blog : « Construire une société ou chacun se sentira reconnu et aura sa place » : https://vivreetesperer.com/?p=1240

(3)            Présentation de la Communication non violente par Marshall Rosenberg en trois vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=f99Xvp3yFPg

(4)            « Une bonne nouvelle : la paix, ça s’apprend » : Présentation du livre de Thomas d’Ansembourg et de David Reybroucq : La paix, ça s’apprend. Guérir de la violence et du terrorisme.          https://vivreetesperer.com/?p=2596

(5)            Eric Vinson. Sophie Viguier-Vinson. Mandela et Gandhi. La sagesse peut-elle changer le monde ? Albin Michel, 2018       Voir aussi  une présentation sur le site de Témoins : http://www.temoins.com/mandela-gandhi-sagesse-changer-monde/

(6)            Ce rapprochement entre Mandela et Gandhi apparaît à bien des gens sensibilisés à leur engagement. Des vidéos sur You Tube en témoignent. En 2017, aux Pays-Bas, une exposition : « We have a dream » a réuni Martin Luther King, Mandela et Gandhi : https://www.youtube.com/watch?v=48AzHI9_wrk

 

Face à la violence, l’entraide, puissance de vie dans la nature et dans l’humanité

 L’entraide, l’autre loi de la Jungle,  par Pablo Servigne et Gauthier Chapelle

41qMkIivvEL._SX327_BO1,204,203,200_Comment nous représentons-nous le monde ? Comme un champ de bataille où les plus forts éliminent les plus faibles, ou bien, au contraire, comme un espace où l’entraide et la collaboration peuvent s’affirmer. Certes, la réalité est plus complexe. Elle est parcourue par des contradictions. Cependant, notre conception du monde a une influence directe sur notre manière d’y vivre et d’y agir. Si notre vision de monde et de la société est sombre et ne laisse pas de place à l’espoir, alors le pessimisme entrainera le repli sur soi et la démobilisation. Au contraire, si nous voyons dans ce monde une place pour le bien et le beau, alors nous pourrons chercher à l’accroitre et à participer à une œuvre d’amélioration et de transformation positive.

Ces visions du monde varient dans le temps et dans l’espace et on peut percevoir une relation entre ces manières d’envisager le monde et les conceptions philosophiques et religieuses. Aujourd’hui, des changements interviennent dans nos représentations au sujet de l’homme et de la nature. La parution du livre de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle : « L’entraide. L’autre loi de la jungle » (1) témoigne de cette évolution. En effet, les auteurs font apparaître une vision nouvelle à partir d’une littérature de recherche, récente, abondante, multiforme en réalisant ainsi « un état des lieux transdisciplinaires, de l’éthologie à l’anthropologie, en passant par l’économie, la psychologie et les neurosciences ». Et, à partir de cette synthèse, ils démontrent qu’à côté de la lutte pour la vie ou de la loi du plus fort,  il y a aussi « une autre loi aussi ou plus puissante qu’elle, la loi de la coopération et de l’entraide ». « De tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro organismes ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus ». Et les auteurs vont ainsi nous aider à « comprendre la nature coopérative de l’être humain dans le sillage de celle des autres organismes vivants ».

 

La nature, de la lutte pour la vie à l’entraide   

A partir de l’œuvre de Darwin, une interprétation s’est développée mettant l’accent sur la lutte pour la vie, la loi du plus fort, la loi de la jungle.  Dans certains milieux, cette interprétation s’est étendue à l’humanité en justifiant les pires excès. Mais aujourd’hui, cette interprétation est non seulement battue en brèche, elle est bousculée par un ensemble de recherche qui mettent en valeur l’importance de l’entraide dans l’univers du vivant. « A partir de Darwin, et durant presque tout le XXè siècle, les biologistes et les écologues ont cru que les forces principales qui structuraient les relations entre espèces au sein de ces systèmes étaient la compétition et la prédation. Les expériences ont été conçues pour mettre cela en évidence et, naturellement, c’est ce qu’on a fini par observer. L’histoire de l’observation des forces inverses (les relations mutuellement bénéfiques) a été bien plus laborieuse. Elle a véritablement explosé dans les années 1970. Aujourd’hui, les études se comptent par milliers » (p 33). Ainsi, la recherche aujourd’hui fait apparaître des modes d’entraide très variés dans tous les registres du monde animal et du monde végétal. « Entre semblables, entre lointains cousins, entre organismes qui n’ont rien à voir », nous disent les auteurs. Et, dans ce paysage multiforme, les espèces les plus anciennes ont également poursuivi leur évolution en association avec les autres êtres vivants. Ainsi les bactéries pratiquent l’entraide à tous les niveaux. Et elles s’associent aux plantes et aux animaux. « Depuis 3,8 milliards d’années, le vivant a développé mille et une manière de s’associer, de coopérer, d’être ensemble ou carrément de fusionner. Ces relations entre êtres identiques, semblables ou totalement différents peuvent prendre des formes multiples… On découvre avec émerveillement ce que nous nommons « symbiodiversité »…. Et la conclusion, « c’est que, chez les autres qu’humains,1) l’entraide existe 2) elle est partout 3) elle implique potentiellement tous les êtres vivants, y compris  l’espèce humaine » (p 49-50).

 

 

L’homme et la nature

Alors pourquoi des milieux influents ont-ils retenu dans leur étude de la nature principalement ce qui était rivalité, violence, prédation ? Cette attitude remonte au début de la modernité, à une époque où l’homme s’est hissé au dessus de la nature en projetant sur elle un caractère de sauvagerie. Mais cette tendance s’est accrue au XIXè siècle  où la parution du livre de Charles Darwin : « De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle » a donné lieu à des interprétations valorisant la lutte pour la vie et la loi du plus fort. Cependant, certains se sont opposés à ces représentations. Ainsi, un géographe russe, par ailleurs prince et anarchiste, Pierre Kropotkine, a publié en 1902 un livre : « L’entraide, facteur de l’évolution ». Il est aujourd’hui remis à l’honneur après des décennies où les théories compétitives  avaient le vent en poupe. Au milieu des années 1970, encore, une nouvelle discipline apparaît : la sociobiologie selon laquelle le socle de la vie serait la compétition entre les gènes et entre les individus. Cependant, au début des années 2000, le fondateur de la sociobiologie, E O Wilson revient sur son hypothèse initiale en privilégiant le milieu par rapport aux gènes. On assiste à « un effondrement du château de cartes théoriques de la sociobiologie des années 70 ». Mais, plus généralement, au début du XXIè siècle, il y a un changement majeur de tendance. « La période qui s’ouvre dans les années 2000, est caractérisée par une véritable escalade du nombre d’expériences sur les mécanismes d’entraide, en particulier grâce aux avancées en économie expérimentale, en sciences politiques, en climatologie ou encore en neurosciences ainsi qu’à l’explosion de la génétique moléculaire qui confirme  l’omniprésence et l’ancienneté des symbioses » (p 67).

 

L’évolution de l’entraide humaine

L’entraide humaine a été active aux différentes étapes de l’histoire humaine. Elle s’est généralisée à travers des normes sociales. Ce livre est introduit par un sociologue Alain Caillé qui se réfère à l’œuvre de l’anthropologue Marcel Mauss dans son célèbre « Essai sur le don ». « Au cœur du rapport social, on trouve non pas le marché, le contrat ou le donnant-donnant, mais la triple obligation de donner, recevoir et rendre. Ou si l’on préfère la loi de la réciprocité »  ( p 25). Autour de la « Revue du Mauss », un groupe de chercheurs s’inspire de cette analyse et réfute une croyance dominante : « l’axiomatique utilitariste de l’intérêt » : l’interprétation de la vie sociale en terme d’intérêts individuels en compétition. Cette croyance inspire le néolibéralisme actuel. Mais  comme la conception compétitive est aujourd’hui remise en cause en biologie, la même contestation apparaît dans les sciences sociales. Une nouvelle vision de l’homme émerge. A travers un ensemble de  recherches rapportant de nombreuses situations, les auteurs font ressortir l’omniprésence de l’entraide dans la vie sociale d’aujourd’hui. Ainsi s’égrainent plusieurs chapitres : « L’entraide spontanée. Les mécanismes de groupe. L’esprit de groupe. Au delà du groupe ». Ces chapitres ne démontrent pas seulement la puissance de l’entraide. Il décrivent et analysent avec précision les pratiques engagées et les processus en cours. Ainsi, on peut se reporter à ces chapitres pour analyser et améliorer ses propres pratiques.

 

Une prise de conscience

Pourquoi cette prise de conscience intervient-elle après une longue période où l’entraide a été méconnue ? Quels ont été les obstacles ? Et aujourd’hui à quoi tiennent les résistances ?

« Le principal obstacle à l’assimilation de ces travaux est la puissance de deux mythes fondamentaux de notre imaginaire collectif

1)   La croyance que la nature (dont la nature humaine) est fondamentalement compétitive et égoïste, et, par conséquent

2)   La croyance que nous devons nous extraire de celle-ci pour empêcher le retour de la barbarie.

Baignés dans cette mythologie depuis plus de 400 ans, nous sommes devenus des experts en compétition, considérant que ce mode constituait l’unique principe de vie (p 277).

En regard, les auteurs montrent, combien, dans une histoire longue, l’entraide s’est affirmée comme une caractéristique de l’humanité. « Ce qui fait de nous des êtres ultra-sociaux provient à la  fois de notre passé (animal) et aussi de notre longue histoire culturelle et de nos interactions sociales présentes » ( p 278). Aujourd’hui, en considérant l’environnement social, on peut mettre en évidence les facteurs propices à l’entraide chez les êtres humains.

 

Un livre innovant

Ce livre est la résultante d’un travail de longue haleine qui n’aurait pu advenir sans la motivation et l’enthousiasme de ses auteurs. « Nous avons démarré ce chantier il y a une douzaine d’années avec autant d’enthousiasme que de naïveté. Notre label « biologique » ne nous avait pas préparé à absorber les incroyables avancées des sciences humaines. Explorer tout cela a été une incroyable aventure » (p 28). Cet ouvrage ouvre des chemins nouveaux. Il participe à un nouvel état d’esprit qui s’ouvre à l’émerveillement et au respect des êtres vivants. « L’écriture de ce livre nous a fait ressentir notre participation intense à une vague qui  redéfinit en douceur ce que l’on est, et donc ce que l’on peut être… un sentiment fort d’appartenir à un ensemble plus grand, à une famille étendue…  Ce voyage a révélé notre interdépendance radicale avec l’ensemble de la toile du vivant et celle des interactions humaines. Pour nous, ce concept même d’individu a commencé à perdre son sens comme si aucun être vivant n’avait jamais existé, n’existe et n’existera seul. Notre liberté semble s’être construite à travers cette toile d’interactions, grâce à ces liens qui nous maintiennent debout depuis toujours » ( p 298).

 

Perspectives

Nous vivons dans un temps de crises (2). C’est une époque où on assiste à la fois à des décompositions et des recompositions.  Les menaces sont bien souvent apparentes. Elles retiennent donc notre attention au point parfois de nous entrainer dans une polarisation sur tout ce que l’on peut craindre. Et alors, nous risquons de nous égarer, car nous ne sommes plus à même d’apercevoir les changements positifs, les voies nouvelles qui sont en train d’apparaître et donc d’y participer. Ainsi, aujourd’hui, il y a bien des changements positifs dans les mentalités, encore à bas bruit, si bien qu’il faut y prêter attention.

Ce livre sur l’entraide s’inscrit dans un mouvement profond qui prend de l’ampleur depuis la fin du XXè siècle. Au cours des dernières années, par deux fois, le magazine Sciences humaines nous a informé sur l’évolution des esprits. En février 2011, c’est un dossier consacré au « retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide » (3). La coordinatrice du dossier, Martine Fournier, peut déjà anticiper par rapport au livre de Pablo Servigne et Gauthier-Chapelle. « Alors que la théorie de l’évolution était massivement ancrée dans un paradigme Darwinien « individualiste », centré sur la notion de compétition et de gène égoïste, depuis quelques années, un nouveau visage de la nature s’impose. La prise en compte des phénomènes de mutualisme, symbiose et coévolution entre systèmes tend à montrer que l’entraide et la coopération seraient des conditions favorable de survie et d’évolution des espèces vivantes, à toutes les étapes de la vie ». Et elle rejoint aussi le préfacier du livre, Alain Caillé, dans un rejet de l’idéologie de l’ « homo oecumenicus » à la recherche de son intérêt égoïste et des vertus de la société libérale et de la compétition.

En juin 2017, Sciences Humaines publie un nouveau dossier sur le même thème : « Empathie et bienveillance. Révolution ou effet de mode ? » (4). Le coordinateur, Jean Dortier, met en évidence un mouvement profond qui prend de l’ampleur. Ainsi l’usage du mot : empathie « grimpe en flèche dans les décennies 1990 et 2000 ».

Au cours des dernières années, plusieurs ouvrages ont également porté cette vision nouvelle. Entre autres, nous avons présenté le livre de Jérémie Rifkin : « Vers une civilisation de l’empathie » ( 2011) (5) et celui de Jacques Lecomte : « La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité » (2012) (6).

En 2017, le livre de Michel Serres : « Darwin, Bonaparte, le samaritain. Une philosophie de l’histoire » (7) vient nous interpeller, car il nous propose « un grand récit » qui récapitule les différentes étapes de notre évolution pour nous proposer une vision anticipatrice. En effet, après avoir décrit les affres d’un « âge dur » voué aux guerres et dominé par la mort, Michel Serres perçoit un tournant intervenu depuis la fin de la seconde guerre mondiale : l’apparition d’un « âge doux » convivial et inventif en lutte contre la mort. Cet « âge doux » se caractérise par l’importance donnée au soin et à la médecine, un mouvement pour assurer et développer la paix, l’expansion d’internet et la révolution numérique. C’est la montée d’un nouveau mode de relation entre les hommes. A l’occasion, face à des préjugés contraires, Michel Serres écrit : « Contre toute attente, les statistiques révèlent que les hommes pratiquent l’entraide plutôt que la concurrence ».

La prise de conscience actuelle du rôle majeur de l’entraide et de la collaboration est le fruit d’un ensemble de recherches, mais ces recherches elles-mêmes traduisent un changement de regard. Il y a un phénomène qui s’inscrit dans une trame historique et qui marque un changement de cap. Si on considère le passé, c’est un « âge dur » qui apparaît. Certains y ont vu une « guerre de la nature » et une lutte constante pour la vie. Pour ceux qui ne se résignent pas à voir l’histoire comme  une victoire définitive des puissants sur les plus faibles, comme un chemin de croix perpétuel, la prise de conscience des manifestations de l’entraide est un précieux apport. Il y a dans cette période des faits historiques qui interviennent comme des germes d’une autre vie. Ainsi, par exemple, les paroles de Jésus, comme la parabole du samaritain mise en exergue par Michel Serres marquent l’affirmation d’une autre vision du monde, d’une autre pratique de vie. A travers les méandres de sa mise en œuvre, « la leçon majeure du christianisme n’enseigne-t-elle pas l’incarnation, l’allégresse vive de la naissance, enfin la résurrection non pas comme une victoire contre les ennemis comme pendant le règne de la mort, mais contre la mort elle-même », écrit Michel Serres. Jürgen Moltmann, le théologien de l’espérance, envisage la résurrection non seulement comme une victoire contre la mort, mais comme le point de départ d’un processus de nouvelle création vers un monde en harmonie où Dieu sera tout en tous ». « Le christianisme est résolument tourné vers l’avenir et il invite au renouveau. La foi est chrétienne lorsqu’elle est la foi de Pâques. Avoir la foi, c’est vivre dans la présence du Christ ressuscité et tendre vers le futur royaume de Dieu » ( 8). Dans cette perspective, il est important de pouvoir constater que la constitution de la nature, envisagée dans les termes d’une première création, est déjà, pour une part, dans l’entraide et la collaboration.

La nature est aussi caractérisée par une interrelation entre tous ses éléments. C’est la constatation des auteurs en fin de parcours : « Ce voyage a révélé notre interdépendance radicale avec l’ensemble de la toile du vivant et celle des interactions humaines ». Et, en entrée de livre, figure une magnifique citation de Victor Hugo : « Rien n’est solitaire, tout est solidaire… Solidarité de tout avec tout et de chacun avec chaque chose. La solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers. Le lien démocratique est de même nature que le rayon solaire ». Nous pouvons envisager cette solidarité dans la vision que nous propose Jürgen Moltmann dans son livre : « Dieu dans la création. Traité écologique de la création » (1988) (9) : « L’essence » de la création dans l’Esprit est, par conséquent, la « collaboration » et les structures manifestent la présence de l’Esprit, dans la mesure où elles font reconnaître l’ « accord général ». « Au commencement était la relation » (Martin Buber).

Et si la prise de conscience de la réalité et de la montée de l’entraide, de la collaboration, de l’empathie et de la bienveillance était une inspiration de l’Esprit et un signe dans un parcours traversé par des crises et des soubresauts. Cette mise en évidence de l’entraide n’entre-t-elle pas dans une vision nouvelle de l’humanité qui commence à se faire jour dans la grande crise à laquelle elle est confrontée ?

Ce livre sur l’entraide est un livre important. Voici un chantier que les deux auteurs, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle ont commencé il y a une douzaine d’années et l’ont conduit avec persévérance pour réaliser la synthèse de multiples recherches dans des disciplines différentes. Ils confirment ainsi la puissance du courant de recherche qui assure la reconnaissance et la promotion de l’entraide. Cependant, à travers plusieurs chapitres, cet ouvrage peut également nous guider pour mieux comprendre et améliorer nos pratiques sociales. Voici un livre qui compte dans le mouvement des idées pour une nouvelle vision de la nature et de l’humanité.

J H

 

(1)            Pablo Servigne. Gauthier Chapelle. L’entraide. L’autre loi de la jungle. Les liens qui libèrent, 2017                                                                            Voir aussi une vidéo OBS : « La loi de la jungle, c’est aussi la loi de l’entraide » : https://www.youtube.com/watch?v=-gB5x4LshGo

(2)            Michel Serres. Temps des crises. Le Pommier, 2009 (Poche)           Voir aussi la vidéo : «  Le temps des crises » : https://www.youtube.com/watch?v=-gB5x4LshGo                   Une analyse des crises actuelles dans le livre de Frédéric Lenoir. Sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?p=1048

(3)            « Quel regard sur la société et sur le monde ? Le retour de la solidarité : empathie, altruisme, entraide »  : https://vivreetesperer.com/?p=191

(4)            « Empathie et bienveillance. Révolution ou effet de mode » : https://vivreetesperer.com/?p=2639

(5)            « Vers une civilisation de l’empathie. A propos du livre de Jérémie Rifkin » : http://www.temoins.com/vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux/

(6)            « La bonté humaine. La recherche et l’engagement de Jacques Lecomte » : https://vivreetesperer.com/?p=674

(7)            Michel Serres. Darwin, Bonaparte et le samaritain. Une philosophie de l’histoire. Le Pommier, 2016                   « Une philosophie de l’histoire » : https://vivreetesperer.com/?p=2479

(8)            Jürgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique d’espérance. Empreinte. Temps présent, 2012 ( p 109-110)                  Voir aussi : « Une théologie pour notre temps. L’autobiographie de Jürgen Moltmann » : http://www.temoins.com/une-theologie-pour-notre-temps-lautobiographie-de-juergen-moltmann/

(9)            Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988 ( p 25)

Sur le blog : L’Esprit qui donne la vie : « Dieu dans la création » : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/