De cadre infirmier à coach de vie

Accompagner les personnes pour les aider à rebondir après une épreuve.

Changer de profession, c’est vivre une transformation dans notre vie sociale et dans notre vie personnelle. En répondant aux questions de Jean Hassenforder, Béatrice Ginguay partage son parcours qui l’a conduite, à partir de son expérience de cadre infirmier à devenir coach de vie.

 Béatrice, tu as vécu un passage professionnel de cadre infirmière à coach dans la santé. C’est une grande transformation. Comment vis-tu cette période?

Oui, d’une certaine manière, il s’agit effectivement d’un grand changement.

– Je suis passée d’un statut de « salariée » à un statut de « libérale ».

– J’ai quitté un travail d’équipe pour un travail plus individuel, bien que lors de certains accompagnements, je sois amenée à collaborer avec d’autres professionnels.

– Dans mon accompagnement en coaching, je prends en considération la vie toute entière (passée, présente et souhaitée pour l’avenir), ainsi que les différents aspects « corps, cœur, esprit ». Ceci se démarque de la plupart des prises en charge institutionnelles qui tendent à être séquencées et fragmentées.

A contrario, on pourrait parler d’une continuité, voire d’un aboutissement.

– En effet, la diversité des publics soignés et des expériences professionnelles vécues  au cours de ces dernières années m’ont, assurément, beaucoup servie, enrichie, et préparée à cette nouvelle étape.

– Et au-delà de l’aspect purement « professionnel », la préparation fut aussi « personnelle », au niveau d’une grande connaissance des « abysses humaines », de la capacité à écouter, recevoir, accueillir de manière bienveillante et sans jugement.

Afin de vivre au mieux et le plus professionnellement possible cette transformation, il m’a semblé indispensable de rester très vigilante et d’éviter l’isolement ; aussi suis-je en relation avec d’autres professionnels pour échanger sur mes pratiques.

#Quelles tâches professionnelles as-tu successivement exercées ?

#– J’ai suivi initialement une formation d’infirmière. A ce titre,
– J’ai exercé 3 ans dans une structure spécialisée en chirurgie thoracique.
– J’ai travaillé 6 ans dans l’univers carcéral : une Maison d’Arrêt et un hôpital pénitentiaire.
Puis j’ai suivi une formation de Cadre infirmier et de Chef de Service Médico-social. Ceci m’a permis d’assurer des fonctions de :

– Chef de Service d’un ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le   Travail – ex CAT) pendant 7 ans
– Cadre de Santé durant 10 ans dans un Etablissement Public de Santé Mentale (service d’hospitalisation pour adultes, puis extra hospitalier en pédopsychiatrie).

Quelles étaient les caractéristiques communes de ces tâches ?

Durant ces années, j’exerçais en structures « traditionnelles » : institutions sanitaires et médicosociales. La prise en charge dispensée y était essentiellement à visée « curative » et « éducative ».

Comment et en quoi as-tu ressenti des aspirations à un changement, le besoin d’une nouvelle approche ?

Plusieurs aspects :

Pour moi,  la personne soignée doit pouvoir bénéficier, dans le cadre de sa prise en charge et pour la pérennisation des résultats obtenus au cours de l’hospitalisation, d’une approche holistique ; ce qui signifie :

– prise en compte de la globalité de son environnement (familial, social …).

– intégration de la dimension « biopsychosociale », ainsi que de tous ses domaines de vie. Reconnaître, être attentif et intégrer le physique, le psychique, l’émotionnel, le professionnel, l’environnemental, le social, …

De plus, il m’est apparu, au fil des expériences, indispensable, pour renforcer le bénéfice acquis lors des hospitalisations, de proposer, de manière plus suivie, un accompagnement lors du retour de la personne à son domicile.

Néanmoins, dans les milieux institutionnels, cela relevait d’un véritable challenge au quotidien compte tenu des contraintes budgétaires de plus en plus fortes, et des difficultés grandissantes en termes d’effectifs.

Pour finir,  il s’est trouvé qu’au cours du dernier semestre 2012 et premier semestre 2013, des soucis personnels de santé m’ont obligée à envisager une réorientation.

Quelle a été alors l’orientation de ta recherche ?

J’ai souhaité mettre à profit mes expériences passées ainsi que les réflexions issues de mon parcours professionnel.

Deux éléments sous-tendent ainsi à ce jour ma motivation :

– en premier bien sûr, le mieux-être de la personne concernée ainsi que l’accompagnement et soutien des familles ou des aidants, lors de pathologies lourdes ou de Handicap.

– et la mise à disposition de mes compétences et expériences en tant que professionnelle, tout en veillant à respecter mes valeurs et mon intégrité personnelle.

Les réalités rencontrées antérieurement deviennent ainsi « moteur » pour proposer une approche globale, incluant si besoin les familles.

C’est dans ce cadre que ma recherche de cohérence interne maximale me permet de diffuser le meilleur de moi-même au niveau professionnel.

Qu’est ce qui a suscité ton intérêt pour la profession de coach ?

Comment l’as tu perçue au départ et comment l’as tu ensuite de plus en plus découverte ?

Quelles découvertes as tu faites en suivant cette formation pour être certifiée Master Coach ?

Qu’est ce qu’elle t’a apporté de nouveau ?

 En tant que coach, nous partons d’une situation présente que le client voudrait voir changer ou améliorer.

Le coach va dans un premier temps accompagner son client dans l’identification, et l’énoncé d’un objectif, puis au fur et à mesure des séances, ils vont ensemble travailler à « comment faire pour l’atteindre ? ».

La profession de coach m’a séduite par plusieurs aspects :

– Ecoute et disponibilité

– Approche résolument positive

– Accompagnement constructif et très concret

J’ai découvert des professionnels très investis, attentifs et soucieux d’accompagner les personnes dans leur problématique, ou leurs objectifs de vie, et très respectueux du rythme que les personnes voulaient elles-mêmes y donner (ou étaient à même de donner).

De plus, ces professionnels, semblaient  vivre en accord avec eux-mêmes et avec leurs valeurs.

J’y ai vu un lien avec leur statut « d’indépendant », et de distanciation d’avec les tensions et pressions institutionnelles.

Cela m’a ouvert d’autres perspectives et a eu comme un effet de « libération ».

Quelle relation s’est établie entre ta précédente pratique professionnelle et la nouvelle approche dans laquelle tu es entrée ?

Ma nouvelle fonction me semble être la continuité et l’aboutissement de ce que j’ai toujours cherché à apporter en tant que professionnelle.

Je vois dans mes expériences antérieures des étapes que je pourrais qualifier  de « préparation » et de « formation ».

Nos différents parcours professionnels, nos expériences de vie, nos formations…. sont autant d’éléments qui constituent les facettes d’un professionnel.

C’est pourquoi  l’accompagnement en coaching peut être très différent d’un coach à un autre.

Au plan sociologique, l’approche nouvelle de coaching me fait passer de structures fixes et organisées, à un fonctionnement en libéral et structure mobile.

Au plan humain, mon accompagnement de coaching vise à rendre les personnes « acteurs » de leur vie, alors que dans mon expérience précédente en structures « d’urgence » à visée curative, ces personnes étaient plus « passives », parce que encore choquées.

Je pourrais dire que je passe ainsi d’un objectif « to cure » à un accompagnement « to care ». Il s’agit maintenant d’impulser, dynamiser les personnes afin qu’elles soient le plus possible « acteur de leur vie ».

Ma démarche s’inscrit donc dans une dimension autant curative que préventive, et concerne tout aussi bien cette  personne que son entourage.

Enfin, il s’agit pour moi d’aider les personnes à passer du   « Pourquoi ? » à un  « Pour en faire quoi ? » et « Comment le faire ?».

La vie peut en effet réserver des changements à chaque instant.

Tout changement peut avoir un impact sur nous, et alors nécessiter un réajustement dans « l’ici et maintenant » …

La question qui se pose est donc : « en avons-nous les capacités au moment où cela arrive ? »

Peux tu décrire la nouvelle pratique professionnelle que tu es aujourd’hui en train d’explorer et d’inventer ?

Un certain nombre de personnes que j’ai rencontrées dans mes précédentes expériences professionnelles avaient côtoyé ou étaient encore dans ce que l’on pourrait  les « gouffres abyssaux » de la vie. Et j’ai pu constater que rapidement, elles se sentaient suffisamment en confiance pour m’en parler.

Dans la vie, nous assistons souvent à l’enclenchement de véritables spirales ; l’écoute que j’ai pu apporter a   développé en moi une foi  inconditionnelle et indestructible en l’être humain, et cette foi est devenue un puissant moteur pour renforcer cette passion envers l’être humain   …. J’ai ainsi développé une sorte d’addiction  J

Aussi mon projet de coaching s’est-il orienté très rapidement autour des « Ruptures de Vie ». Ces ruptures peuvent toucher différents domaines :

– professionnel : licenciement, réorientation professionnelle, retraite…

– personnel :

– vie familiale : divorce, naissance prématurée, naissance prématurée, adolescence difficile d’un enfant…

– affectif : deuil, séparation …

– santé organique/psychique : handicap, pathologie aigüe/chronique …

Il me faut rajouter que j’ai, depuis toujours, établi une relation tout à fait particulière avec les animaux.

C’est ainsi que j’ai suivi il y a quelques années une double formation de Thérapie avec le Cheval (FENTAC –Fédération Nationale des Thérapies avec le Cheval- et Handicheval).

Je propose ainsi des coachings associant la médiation animale, avec le chien ou le cheval.

Cet aspect sera plus amplement développé sur mon site internet, qui est encore à ce jour en cours de construction.

En comparant ton ancienne et ta nouvelle pratique professionnelle, quelles sont les approches nouvelles que tu mets en œuvre ?

Il est certain que dans une relation de coaching, le lien qui se tisse entre le coaché et le coach est fondamental pour aboutir à une relation de confiance.

Le coach peut alors véritablement devenir « partenaire en réussite ».

Dans les situations extrêmes, mon objectif premier devient:

– Dénicher la moindre étincelle de vie,

– Raviver les braises,

– Alimenter la flamme renaissante  ….

Dans ce travail dynamique de synthèse, comment envisages-tu la collaboration avec d’autres professions ?

J’ai travaillé pendant 30 ans en équipe.

Les relations professionnelles entre personnels de santé, ne sont certes pas toujours faciles. Néanmoins, elles sont très enrichissantes, voire indispensables dans la mesure où un être humain est complexe. Les portes d’entrée pour aider une personne sont donc multiples.

Celle-ci va nous proposer une porte d’entrée. Il s’agit pour nous de la respecter et de rentrer par cette porte qu’il nous ouvre ou nous entrouvre. … et non pas de forcer une porte fermée souvent par protection.

En tant que professionnels de santé, nos personnalités, compétences, formations professionnelles …. sont différentes et complémentaires. Mises ensemble, elles nous permettent d’approcher au mieux la problématique spécifique de cette personne.

C’est en découvrant les différentes « facettes » de l’être que la complémentarité prend tout son sens

Nous pouvons ainsi en avoir une vision la plus large possible.

En résumé, cette collaboration, je l’ai déjà exprimé, me semble indispensable.

C’est la raison pour laquelle je décline ma conception d’accompagnement en coaching sous 2 formes :

– la forme individuelle, en tant que seul professionnel « en action »

– la forme de binôme : interventions de 2 ou plusieurs professionnels, que ce soit de manière parallèle ou simultanée. Il peut s’agir par exemple d’une collaboration avec un psychologue, psychiatre, psychomotricien….

Cela nécessite bien entendu l’accord de la personne accompagnée, ainsi que l’accord de cet autre professionnel avec qui un lien de confiance doit également s’établir.

Les échanges entre professionnels peuvent avoir lieu de manière ponctuelle, sous forme de bilans réguliers, et/ou de séance rassemblant les 3 personnes concernées.

Le contenu peut en être :

– un transfert d’informations,

– un bilan sur l’avancée vers les objectifs réciproques,

– un partage sur des interrogations émergeant suite à une situation rencontrée,

– la sollicitation d’un avis éclairé par rapport à la spécificité de l’autre professionnel

– …

Peux tu nous décrire les premières expériences qui s’inscrivent dans ce parcours ?

Mes premières expériences :

– une jeune fille se trouvait être en rupture scolaire pour raisons familiales. Elle devait à court terme effectuer un stage en ESAT. Son objectif était d’arriver à transformer ce stage en embauche. Objectif réussi.

– une  cliente, en situation d’épuisement professionnel. Son objectif était de trouver une nouvelle orientation professionnelle dans laquelle elle puisse s’épanouir. Elle propose  aujourd’hui des massages « bien-être et relaxation » d’une très grande qualité, dans un contexte d’écoute et de mise en confiance que j’ai rarement connu ailleurs.

– une jeune femme brillante dont l’objectif était d’arriver à gérer émotionnellement des situations complexes au niveau professionnel. Le coaching nous a amené à travailler sur des peurs remontant à la petite enfance. Cet accompagnement l’a beaucoup aidée et a rajouté une plus value importante à son expertise professionnelle existante.

– une maman en rupture affective. Son objectif était de vivre au mieux sa séparation et  trouver le juste positionnement pour minimiser les conséquences pour ses enfants.

– Une jeune femme, récemment licenciée, souhaitant retrouver un nouvel emploi. Cette épreuve a fait resurgir des grosses problématiques (relationnelles et traumatiques) remontant à l’enfance.

– Un homme porté sur la boisson. Un défi sportif retenu en commun l’a soutenu et aidé à puiser la détermination là où il pensait ne pas pouvoir tenir.

Les personnes accompagnées ont été très satisfaites. Et ce fut pour moi, au-delà de l’atteinte des objectifs, de la joie et fierté de ces personnes, de merveilleux moments de partage très enrichissants.

En quelques mots, quel sens perçois-tu dans ton parcours ?

Je ressens beaucoup d’émotions face à la richesse de mon parcours professionnel. Certaines expériences m’ont profondément transformée.

J’ai l’impression que ma profession de coach me permet de rassembler toujours un peu plus les différentes pièces de mon puzzle professionnel au service des personnes qui font appel à moi.

Pour moi, le coaching est une approche qui s’appuie sur un cœur de métier, une expertise.

Mon cœur de métier est le Soin, la Santé. J’accompagne donc les personnes dans leur Santé.

Rappelons que la Santé

« ne consiste pas uniquement en un état de bien-être physique, psychologique, social …. »

La santé,  « c’est aussi avoir les capacités d’adaptation dans un monde en constante évolution » (Définition de l’OMS – Organisation Mondiale de la Santé).

Il s’agit pour chacun d’entre nous de s’adapter à chacune des situations qui se présentent sur notre parcours de vie, que ce soit celles venant du monde extérieur ou venant de notre monde intérieur.

Et le coach de santé que je suis va stimuler, accompagner ce processus d’adaptation.

Il s’agit à chaque fois d’une découverte magnifique et d’une expérience nouvelle, menée à 2, dans laquelle la personne se dévoile, se découvre, s’enrichit et s’épanouit… pour quelque chose de « mieux ».

Le coaching est une approche fondée sur le relationnel. Il s’appuie sur un lien de confiance réciproque.

J’ai foi en l’Homme, en ses capacités, en ce qu’il peut donner et offrir.

Je suis intimement persuadée que l’être humain a en lui de formidables ressources et capacités de rebond.

Seulement, nous ne les connaissons pas toujours. Nos qualités, nos talents ont parfois été étouffés :

– inhibés car non reconnus par notre environnement,

– ou mis en veille par l’absence de situations qui en auraient permis la révélation et l’expression.

Il faut alors les REdécouvrir car ils constituent un puissant moteur de réussite personnelle.

En conclusion, mon expérience de coach de vie (accompagner des personnes en rupture de vie) m’a permis d’identifier en moi une réelle et profonde aspiration : proposer du « coaching de la Vie ».

Il s’agit de transmettre un souffle de vie, de ranimer la petite flamme de vie qui perdure en chacun de nous, même au cœur des situations les plus difficiles.

Contribution de Béatrice Ginguay

Venir en aide aux adultes vulnérables. La protection des personnes majeures

D’un emploi salarié dans les prestations de presse à un métier dans la protection des personnes.

Au long des années, Pierre-Henri Chaix en est venu à s’intéresser de plus en plus à la condition des personnes adultes en difficulté.

Professionnellement, pendant vingt-cinq ans, il a travaillé dans le domaine de la presse et de l’édition, et, dans ces dernières années, à la réalisation de revues de presse numériques. Parallèlement, Pierre-Henri est très actif dans la communauté chrétienne locale, et là, il anime un groupe d’hommes pour la plupart isolés. Il suit également un groupe de personnes qui, présentent un handicap mental. Progressivement, Pierre-Henri s’est intéressé à la question des personnes vulnérables. Et, pour celles avec qui il est en contact, il les a accompagnées parfois chez leurs tuteurs.

On estime aujourd’hui aux alentours d’un million, le nombre de personnes sous protection judiciaire, qui, pour la moitié, sont prises en charge par des tuteurs ou curateurs appartenant à la famille, et, pour l’autre moitié, par des mandataires qui peuvent être, soit des associations, soit des personnes déléguées dans des établissements de santé (hôpitaux, maisons de retraite), soit des mandataires privés. L’encadrement juridique des personnes majeures vulnérables a été remanié par la loi de 2007. Cette loi a mis l’accent sur la protection des personnes alors que les lois antérieures étaient plutôt centrées sur la gestion des biens. « La loi française avant 2007 parlait d’incapables. La nouvelle loi parle d’adultes majeurs protégés » ».

La loi prévoit qu’on puisse mettre en place une mesure de protection judiciaire lorsqu’une personne n’est plus en mesure d’exprimer sa volonté ou de la mettre en oeuvre conformément à ses intérêts.

« Par exemple, Clémentine, qui a vingt-neuf ans, réside dans une maison d’accueil spécialisée et elle a un handicap qui l’empêche de s’exprimer oralement. N’étant pas en mesure de travailler, elle perçoit une allocation d’adulte handicapé et bénéficie d’une aide au logement qui lui permettent d’assurer la prise en charge des frais de résidence spécialisée. La justice l’a placée sous tutelle auprès d’une association.

Pierre, qui a quatre-vingt ans, souffre de la maladie d’Alzheimer avec actuellement une dégradation des capacités cognitives.  Au stade actuel, son épouse doit prévoir pour lui une situation d’hébergement spécialisé qui l’oblige à vendre sa maison pour faire face au coût. La réalisation de cette vente requiert une mise sous protection judiciaire qui, en l’espèce, sera confiée à l’épouse ».

Pierre-Henri était en transition sur le plan professionnel suite à un licenciement douloureux. Il a commencé à évaluer le marché du travail salarié pour se rendre compte rapidement à quarante-neuf ans de la quasi-impossibilité de retrouver un emploi comparable à celui qu’il avait auparavant : directeur de département. Assez vite, il a acquis la conviction qu’il fallait qu’il se mette à son compte. Assez spontanément, il a cherché à trouver une activité dans son domaine de compétence : la presse, mais cela n’a pas abouti dans des conditions raisonnables. Il a donc bifurqué vers la gestion de patrimoine, mais ces contacts professionnels l’entraînaient vers le grand ouest parisien, très loin de son environnement local. Dans un souci de trouver un bon équilibre sur le plan personnel et sur le plan économique, Pierre-Henri s’est concentré sur ses domaines de compétence. Et naturellement, à partir de l’expérience qu’il avait dans le domaine de l’accompagnement de personnes en difficulté, il a décidé d’en faire son métier. Il a suivi en conséquence une formation professionnelle de mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Il a eu aussi l’occasion de pratiquer le métier dans un hôpital psychiatrique pendant trois mois. « C’est un métier extrêmement prenant parce qu’on est souvent dans une logique d’urgence. Et d’autre part, c’est un métier passionnant parce qu’on est confronté à des personnes très diverses qui affrontent des problèmes très variés. Il y a dans ce métier un défi constant, que j’ai toujours apprécié dans le personnage de Zorro ( !), et on est constamment sur la brèche pour débrouiller des situations inextricables ». Pierre-Henri vient d’obtenir la certification professionnelle de mandataire judiciaire pour la protection des majeurs (MJPM) et met en place son activité professionnelle.

Dans cette profession, le rapport humain est essentiel. « L’écoute est fondamentale. Dans ce domaine, il y a une interaction très forte avec les pathologies. Par exemple, je me suis occupé d’une personne d’une quarantaine d’années qui, de fait, mentait tout le temps, et, pour autant, il fallait quand même arriver à savoir quelles étaient ses aspirations. J’ai déjà évoqué Clémentine qui n’est pas capable de parler, mais, avec de la pratique et de l’expérience, on arrive à comprendre ce qu’elle souhaite et à lui permettre de participer aux décisions qui la concernent. Il est également absolument essentiel, et c’est d’ailleurs devenu une obligation dans la loi de 2007, d’obtenir l’adhésion des personnes,  de leur communiquer toutes les informations dès lors qu ‘elles peuvent les recevoir et de les faire participer à leurs mesures de protection ».

Sur le plan économique, ces métiers ne sont pas très rémunérateurs, mais, pour Pierre-Henri, il trouve là une voie qui correspond à ses aspirations. Il a très mal vécu ses dernières années en qualité de salarié, aussi lorsqu’il évoque son nouveau travail, un mot lui vient à l’esprit : « Libéré ! », malgré les difficultés économiques à surmonter.

Contribution de Pierre-Henri Chaix

Parcours professionnel

Parcours professionnel, choix d’orientation et présence de Dieu

 

François a d’abord travaillé comme soignant, puis ensuite comme conseiller d’insertion et de probation au sein de l’administration pénitentiaire. A partir de cette double expérience professionnelle, il occupe aujourd’hui un poste de responsable de la santé des détenus dans le cadre d’une direction des services pénitentiaires. A la fin des années 70, François, déjà croyant, a eu une expérience de rencontre personnelle avec Dieu. A partir de cette étape, sa foi s’est approfondie, et par la suite, il a de plus en plus expérimenté son implication chrétienne dans la vie professionnelle.

Au long des années, François a l’impression d’avoir été accompagné par Dieu dans ses orientations de travail et dans la résolution de nombreux problèmes. A plusieurs reprises, il s’est trouvé dans des tournants professionnels où, dans une attitude de confiance, les portes se sont ouvertes devant lui. A chaque fois, il a réalisé qu’il était parvenu à des choix qui ont pu se réaliser grâce à Dieu.

Ainsi, lorsqu’il est entré dans l’administration pénitentiaire, cela s’est fait à la suite d’une démarche qui avait été mûrie et qui est devenue un choix très clair dans une réflexion éclairée par la foi et par la certitude que Dieu allait pourvoir à cette nouvelle orientation. Il avait l’impression que cette démarche allait se concrétiser. Effectivement, François a été le seul choisi sur ce poste en position de détachement à partir de son corps initial d’infirmier de secteur psychiatrique.

Par la suite, après plusieurs années d’expérience, il a cherché à évoluer dans sa carrière. Pour cela, à deux reprises, il s’est présenté à un concours. Mais il n’avait pas l’assurance correspondante, il ne se sentait pas bien et, au total, il a échoué. Depuis un certain temps, d’autres projets se faisaient jour en lui. A un moment critique, il a appris qu’un poste qui correspondait à ses aspirations se trouvait vacant. Pour lui, cette opportunité l’a en même temps fortifié en lui donnant l’assurance qu’il avait la capacité de remplir cette fonction. Effectivement, il a reçu un très bon accueil et le poste lui a été attribué.  François voit dans cet événement la manifestation du projet de Dieu à son égard.

Et lorsqu’il repense à sa carrière professionnelle, il est convaincu que, dans certaines circonstances, Dieu lui a ouvert les portes et qu’à ce moment là, rien ne pouvait se mettre en travers, et qu’à d’autres moments, Dieu a fermé des portes car ces choix ne correspondaient pas à ce qu’il y avait de meilleur.

« Je me rends compte des difficultés que beaucoup de mes collègues rencontrent parce qu’ils se sentent emprisonnés dans des tâches répétitives qui limitent le développement de leur potentiel, leur niveau d’aspiration et suscitent chez eux découragement et sentiments négatifs. Moi aussi, j’ai vécu difficilement un certain nombre de situations. Nous nous construisons nous-même des limites, mais Dieu nous permet de dépasser ces limites en nous redonnant confiance en nous-même et en nos capacité, et en nous donnant les moyens d’avancer ».

 

Contribution de François.