Solidaires face à la solitude

Les vies ne naissent pas de rien. Elles apparaissent et se développent dans un environnement relationnel. Je grandis dans une famille. Je vis dans des milieux très divers où je participe à une solidarité et en reçoit les bienfaits. La vie humaine dépend des relations dans lesquelles elle se meut. Là où s’exerce une dynamique relationnelle porteuse d’harmonie, la vie humaine prospère et fleurit. Là ou la densité et la qualité des relations s’appauvrit et menace de se tarir, la vie humaine est menacée.

 

Il y a des vies qui vont à toute allure d’une activité à une autre si bien que l’environnement social leur apparaît comme donné. Mais, si un événement malheureux ou une blessure intérieure casse cette dynamique, alors la personne peut perdre très vite les relations qui lui étaient assurées par les activités auxquelles elle participait. Lorsqu’un couple se défait ou lorsqu’un deuil intervient, des relations jusque là naturelles s’espacent et parfois disparaissent. Et, de même, lorsque, par telle ou telle circonstance, une personne quitte le milieu dans lequel elle a fait route, là aussi les relations se dénouent comme si elle disparaissait elle-même du champ de conscience de ceux avec qui elle a été en chemin. Dans une société où chacun semble suivre sa trajectoire, dans une logique qui se traduit dans des implications immédiates et un jeu de contraintes, alors il y a peu de place pour une écoute de ce qui advient au delà. En regard de ceux qui sont en pleine activité, il y a donc des situations très variables de la solitude qui menace jusqu’à l’exclusion qui détruit.

 

Par expérience, nous savons qu’il y a des amis fidèles, des hommes et des femmes qui portent un regard au delà de l’enfermement des routines et des habitudes. Ils ont fait un choix, celui de l’attention à l’autre, partout et toujours. Ils rejoignent ceux qui luttent pour vivre face à la menace de l’isolement. Déjà Jésus nous parle d’un homme méconnu par ceux qui sont prisonniers d’une activité routinière, mais qui trouve sollicitude et accompagnement dans un homme qui a su rompre, un moment, avec le train-train de son existence (1)

 

Quel est notre ressenti vis à vis de ces situations ? Partageons entre nous des expériences de rencontre et de créativité sociale face à la solitude et à l’exclusion !

 

JH

 

(1) Evangile de Luc 20 : 25-37

Dedans … Dehors ! … Un chemin de liberté

 

Témoignage et réflexion de Philippe Molla en dialogue avec le texte précédent : « Dedans…dehors ! Face à l’exclusion, vivre une commune humanité ».

 

 

Merci à Jean pour ce travail personnel si précieux pour moi !

 

Encore un texte qui respire la liberté !

Ces mots résonnent tellement en moi que j’éprouve le besoin d’écrire

quelques pensées personnelles :

 

C’est pour moi un appel à sortir de mes conceptions humaines de qui je

crois être, ce regard souvent faussé qui m’empêche d’aller vers

l’autre. Mon prochain que je catalogue si facilement par ce qui

« frappe l’oeil « . Ne suis-je  pas le prochain de mon prochain ?

 

J’ai tellement à apprendre de l’autre, d’une rencontre. Souvent l’homme se

plaint de ne pas trouver Dieu, peut-être par ce qu’il ne sort pas de

son enclos. Qui est notre maître, la crainte ou l’Amour ?

Qu’apprenons-nous dans notre milieu où nous nous construisons ?

Les différences de l’autre sont-elles une menace pour nous ? Ce  » qui

sommes nous ? » que nous avons construit, si fragile, faut-il  par tous

les moyens le protéger ? Pourquoi ?

 

À l’âge de 18 ans, je me sentais fort, bien construit. J’avais mes

réponses sur beaucoup de sujets. Cela me donnait beaucoup d’assurance

et une paix intérieur. Mes petites réponses toutes faites sur la vie,

la religion, sur Dieu, me faisaient croire que je détenais la vérité !

(et oui ! J’avais l’esprit bien étroit ! Comme si je pouvais détenir

Dieu, la vérité !)

 

Mais cette construction m’a inconsciemment isolé. Si l’autre avait

une conception de la vie très différente de la mienne, j’avais

tendance à le cataloguer et le classer par catégorie. J’avais appris

dans ma religion que l’autre était dehors et moi dedans. J’avais

appris à inviter mon prochain dans mon enclos, mon système de pensée

humain, ce que j’appelle « La pensée unique ».

Dans cette démarche aucune connexion profonde avec l’autre n’était

possible. Pourtant, cette connexion est si précieuse, elle n’exige

rien de l’autre, elle n’attend rien de l’autre. Cette connexion où

Dieu peut enfin se révéler parce qu’il est synonyme d’AMOUR!

 

 

Alors comment ai-je trouvé le chemin de la liberté, de l’amour, de la

guérison intérieur ?

A travers de vraies rencontres !

 

Ma rencontre avec ma femme Martine a progressivement révélé mon état

d’homme préfabriqué par la  société, par la religion. Notre amour et

sa patience m’ont beaucoup aidé.

 

A travers, d’autres rencontres aussi. En particulier, une rencontre

profonde avec un homme, qui m’a fait entrevoir ce qu’est un partage où

il n’y a pas de place pour le jugement, les préjugés… Et ensuite, il

n’y en eu beaucoup d’autres.

 

Dieu a permis que je passe par des tempêtes intérieurs, des problèmes

professionnels, la maladie… Ces épreuves m’ont fragilisé. Mais c’est

dans cet état de fragilité que de véritables rencontres ont surgies.

Où l’amour de Jésus-Christ s’est manifesté, apportant guérison,

changement de mentalité et reconstruction de l’être.

 

J’ai découvert que Dieu se cache dans notre prochain ! Nous Le

trouvons quand nous acceptons notre fragilité, notre vulnérabilité.

 

Jésus-Christ n’est pas venu en super héros, mais Il a choisi de

s’exposer. Il a accepté de se rendre vulnérable, fragile, dans le seul

but d’atteindre le coeur de celui qui se sent en manque de tout,

rejeté,  exclu, pauvre, pêcheur, malade, seul dans sa souffrance,

esclave de ses vices, prisonnier de sa religion, prisonnier de son

clan familial, prisonnier de sa société…

 

 

Quand j’ai lu le titre « Dedans…Dehors », j’ai tout de suite pensé à la

parabole du Bon Berger.

Cette invitation à la liberté.

Et aussi au mot église.

 

Ce mot église est très peu utilisé dans les évangiles. Donc, j’imagine

que Jésus l’a très peux prononcé.  Peut être pour éviter qu’il soit

mal utilisé, mal interprété en créant des divisions entre tous les

hommes, des clans. Tous ces hommes à qui Jésus-Christ a donné sa vie

sur la croix, cette croix si douloureuse. Cette croix, où, bras

ouverts, il dit: «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils

font.» L’Amour personnifié, ne laissant aucune place pour le jugement !

Cette Amour qui unit tous les hommes !

 

Ce mot église,  « ekklesia » en grec, composé de ek et dérivé de kaleo.

Ek: hors de

Kaleo: donner un nom, appeler.

 

On pourrait traduire église par  » les appelés par leur nom (dans le

sens unique, relation personnelle et intime avec le créateur) à sortir

hors de »

 

Pour comprendre la parabole du Bon  Berger, il faut connaître comment

procédait un berger à l’époque de Jésus. Le berger avait un associé

qui gardait les moutons dans la bergerie, le gardien. Quand le berger

se rapprochait de la bergerie, il commençait à appeler ses brebis par

leur nom. (Cette notion de donner un nom unique à chaque brebis,

montre que le berger connaissait bien ses brebis, il passait beaucoup

de temps avec elles) Alors le gardien ouvrait la porte et les brebis

couraient avec excitation rejoindre leur berger. Le berger faisait

demi-tour et marchait en direction des verts pâturages.

Les brebis reconnaissent très bien la voix et les sons . Je connais

bien ce sujet. J’ai passé beaucoup de temps dans ma jeunesse avec une

brebis et son agneau:

Une brebis a soif de liberté, elle recherche à atteindre toujours

l’herbe fraîche qui se trouve de l’autre coté de la clôture.

il faut beaucoup de patience  pour approcher une brebis.

Elle est vite dominée par la crainte, ce qui la pousse à mettre sa vie

en danger, ainsi que la vie de son agneau…

 

Je finirai par ces passages:

 

Jean 10:4

 

Quand IL les a tous fait sortir, il marche devant eux. Et ses moutons

le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix.Ils ne suivront jamais

quelqu’un d’autre. Au contraire, ils fuiront loin de lui, parce qu’ils

ne connaissent pas la voix des autres personnes.»

 

Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour accompli chasse la

crainte; car la crainte suppose le châtiment, et celui qui craint

n’est pas accompli dans l’amour. (1 Jean. 4.18)

 

Alors sortons découvrir ce que Dieu a caché comme trésors merveilleux !

Ces trésors préparés spécialement pour nous, être unique, aimé de

son créateur !!

 

Psaumes 65:

Quand TU passes, les richesses débordent. Les terres sèches sont

couvertes de récoltes, les collines sont entourées de joie. Les

pâturages portent les moutons et les chèvres, les vallées sont

couvertes de blé. Toute la campagne chante et danse de joie.

 

Alors qu’est ce qui nous empêche de faire de véritables rencontres où

la VIE circule

 

Philippe Molla

 

Voir sur ce blog (7 octobre 2011) un autre texte de Philippe : 

« Un chantier peut-il être convivial ? »

Dedans… Dehors ! : Face à l’exclusion, vivre une commune humanité

 

Avons-nous tendance à nous installer dans un groupe en ignorant ou en rejetant ceux  qui sont à l’extérieur ? Sommes-nous enclins à catégoriser les gens en termes contraires jusqu’à la position extrême : les bons et les méchants ? Ou bien, à l’inverse, sommes-nous disposés à la bienveillance vis à vis de ceux qui nous entourent en reconnaissant la diversité des comportements. Notre attitude dans la vie sociale dépend évidemment de nos mouvements intérieurs qui s’inscrivent dans les dimensions psychologique et spirituelle de notre être. Comment gérons-nous l’agressivité et l’angoisse ? Y a-t-il en nous un courant de vie positive qui s’exprime dans l’empathie et la sympathie ?

Cependant, quelque soit notre attitude personnelle, nous sommes confrontés au climat des groupes sociaux dans lesquels nous vivons. Cette ambiance exerce sur nous une influence dont nous avons plus ou moins conscience et face à laquelle nous ne sommes pas toujours en mesure d’opposer une réflexion critique ? Et pourtant, lorsqu’on y réfléchit, la manière de vivre dans un groupe en opposant plus ou moins consciemment les gens qui sont dedans à ceux qui sont dehors, en termes positifs pour les uns, négatifs pour les autres, est beaucoup plus répandue qu’on ne l’imagine.

 

L’exclusion : une question sociale très actuelle .

 

Les historiens nous décrivent le mépris orgueilleux affichés par la classe dominante vis à vis des pauvres et des exclus dans différents contextes de notre passé. Le livre de Guillaume Le Blanc : « Que faire de notre vulnérabilité ? » (1) nous montre combien le phénomène de l’exclusion est encore très présent aujourd’hui en décrivant et analysant les processus correspondants. « Aujourd’hui nombreux sont ceux qui ont le sentiment d’être exclus, d’être rejetés du mauvais côté de la frontière. Nombreux sont ceux également qui redoutent de l’être… La crainte de l’exclusion ne porte pas seulement sur ce qu’elle entraîne dans les conditions d’existence, mais aussi sur une perte d’humanité… Dans l’effroi de l’exclusion, le sentiment même d’une communauté des vies humaines est potentiellement annulé.. . Exclure ne revient pas seulement, de ce fait, à tracer une ligne entre dedans et dehors, mais à contester le caractère pleinement humain de celles et ceux qui sont perçus, à tort ou à raison, comme étant dehors » (p 26-27). Une frontière est érigée. « L’exclusion précipite l’exclus au delà de la frontière et crée un fossé entre celles et ceux qui sont dedans et celles et ceux qui sont dehors » ( p 26). Si, comme « sujets travailleurs, raisonnables, citoyens, cherchant, dans le centre de nos ville, plaisir de vie », nous nous protégeons par un sentiment de supériorité vis à vis des exclus, le remède n’et-il pas dans une conception de l’homme qui accepte de reconnaître sa propre vulnérabilité. « Contre la suffisance d’une communauté qui se proclame invulnérable, l’accueil de l’exclu fait advenir une autre humanité, vulnérable tout autant qu’imprévisible » (p.211).

 

Hors de l’Eglise, point de salut… !?

 

Dedans. Dehors. Un autre exemple se présente à nous. Il est emprunté au domaine religieux.

Au long des siècles, l’Eglise a été le berceau d’œuvres charitables. Mais il y a aussi la mémoire d’une puissance qui imposait sa loi. Un historien, Jean Delumeau, nous rapporte la présence d’une culture de la peur fondée sur la menace de l’enfer, une exclusion éternelle. Certes, on doit éviter de généraliser et de caricaturer, mais il y a bien eu des théologiens qui ont transposé la violence de leur époque, violence du pouvoir et violence des mœurs, dans leur conception de Dieu et de la destinée humaine (2). On se rappelle l’adage : « Hors de l’Eglise, point de salut ». Bien sûr, les mentalités ont considérablement évolué, mais la croyance en une division entre « sauvés et perdus » persiste encore dans certains cercles chrétiens. Là ou elle est latente, les non croyants ne sont pas perçus comme des personnes à part entière où l’Esprit est à l’œuvre, mais, plus ou moins, comme des gens à convertir. Alors l’Eglise se vit en terme de dedans par rapport au dehors. Quelle différence avec l’attitude de Jésus qui s’en va à la rencontre des « pécheurs et des publicains ».

 

Jésus en lutte contre les forces d’exclusion

 

Jürgen Moltmann nous aide à sortir d’une catégorisation qui engendre l’exclusion. Théologien, il rejoint l’analyse du philosophe, Guillaume Le Blanc, lorsqu’il écrit  dans un livre : « Jésus, le messie de Dieu » (3) : « Dans toute les sociétés, il existe les catégories alpha qui déterminent ce qui doit être considéré comme bon et ce qui doit être considéré comme mauvais. Et il existe les catégories oméga dont la bonne société doit se démarquer parce qu’elle représente ce qui est mal . Lorsque cette dualité conduit à la formation de classes commence alors une lutte sans pitié des « bons » contre  les « mauvais ». (p166) Dans les récits des Evangiles, le concept de pécheur a une signification sociale comme le montrent les couples de concepts : bien portants-malades, justes-pécheurs, pharisiens-publicains ». De fait, les pécheurs sont des juifs qui ne sont pas en mesure d’observer la Torah.

Or Jésus déclare qu’il est venu appeler non pas des justes, mais des pécheurs (Marc 2.17). « En entrant dans la compagnie des pécheurs et des publicains, Jésus s’engage dans un conflit social à connotation religieuse qui creuse un  abîme entre justes et injustes, entre bons et mauvais… Les justes revendiquent pour eux-mêmes la justice de Dieu et imposent socialement leur système de valeurs. De même que la « possession de la richesse » fait que les pauvres restent pauvres, de même, la « possession du bien » creuse le fossé entre les bons et les mauvais, et fait que les mauvais restent mauvais ».

Jésus prend parti en faveur des discriminés. « En faisant cela personnellement, il leur révèle, à eux et à ceux qui les oppriment, la justice messianique de Dieu qui, par le droit de la grâce, rend juste ceux qui sont injustes, bons ceux qui sont mauvais et beaux ceux qui sont laids. Il s’agit là d’une attaque en règle contre la morale religieuse et bourgeoise ».

Jésus va à la rencontre des exclus, partage la table des pécheurs et des publicains. « Jésus anticipe le festin des justes dans le royaume de Dieu et fait ainsi lui même la démonstration de ce que signifient l’accueil  par le Dieu de miséricorde et le pardon des péchés.  Etre invité au grand festin du Royaume de Dieu… Jésus célèbre le repas des temps messianiques avec les discriminés de son temps. S’il est le Fils de Dieu messianique, il représente ainsi le comportement de Dieu lui-même » (p166).

L’attitude à laquelle Jésus nous invite dans les Béatitudes (Matthieu 5.1-11) va dans le même sens. Il s’adresse à un peuple divers confronté à de nombreuses difficultés. Il aide chacun à reconnaître ses vulnérabilités, mais aussi les dons qu’il a reçus. Il répand un courant de vie.

 

Pour une commune humanité, accepter nos vulnérabilités

 

Dedans. Dehors. Nous sommes fréquemment confrontés en nous même et dans les groupes sociaux où nous vivons à des tentations de repli, à des attitudes d’exclusion. Nous observons les mêmes tendances à une échelle plus vaste dans le champ politique. C’est le cas, par exemple, dans la manière de considérer les étrangers .

En regard, l’Evangile nous apporte un souffle d’universalité. C’est la source d’une dimension fraternelle.

En analysant les processus d’exclusion et les dispositions d’esprit qui les favorisent, Guillaume Le Blanc apporte une compréhension qui est aussi un horizon de vie et d’action : « L’angoisse d’être exclus, la hantise d’être débarqué, la peur de tomber, n’ont jamais imprimé aussi fortement nos vies. D’où vient ce sentiment de vulnérabilité et que peut-on en faire ? Au moment même où il semble nous priver de tout pouvoir, il nous faut reconnaître notre commune fragilité et l’irréductible humanité de ceux qui ont déjà été rejetés » (en couverture). Et il nous invite à un nouveau regard : « C’est seulement en reconnaissant que nous sommes vulnérables que nous pourrons affronter l’exclusion et la comprendre malgré tout comme une possibilité humaine et aussi comme une possibilité de vie humaine «  (p22).

Il y a bien des exemples où cet esprit est à l’œuvre. C’est le cas par exemple dans les « communautés de l’Arche », mais aussi dans de nombreuses associations. Dans un livre récent : « le grain de sable et la perle », Laurent de Cherisey, bien connu pour l’œuvre remarquable qu’il a accompli pour faire connaître des pionniers du développement social et environnemental à travers le monde, « les passeurs d’espoir », nous raconte comment, à partir d’un accident intervenu dans sa famille, il a été amené à s’engager dans la réalisation d’un lieu de vie pour accueillir des handicapés à la suite d’un traumatisme cranien. Son témoignage rejoint la réflexion de Guillaume Le Blanc : « Les personnes handicapées m’on fait le merveilleux cadeau de découvrir que nos fragilités ne sont pas un mal honteux à dissimuler, mais des opportunités de fécondité. Dans l’alliance de nos vulnérabilités se tissent les liens de fraternité les plus solides. La force de notre société dépend de leur qualité » (p145).

 

Des questions à se poser

 

En quoi cette réflexion peut-elle nous concerner personnellement ? Je suis attristé lorsque j’approche un milieu dont je sens qu’il est plus ou moins fermé vis à vis du monde extérieur. Je ressens la violence des attitudes d’exclusion. Quelle perte par rapport au potentiel qu’engendre l’ouverture ! Et puis, dans certaines circonstances, comme une moindre forme physique, un temps de maladie, l’impact d’un deuil, je puis ressentir l’indifférence de certains comme pouvant entraîner mon exclusion de certains circuits. Pour une part, nous avons l’habitude de communiquer dans une expression de nos capacités.  On peut appréhender le devenir de cette communication si ces capacités se trouvent quelque part limitées. Des relations équilibrées impliquent le partage non seulement des produits de notre créativité, mais aussi une expression partagée de nos manques et de nos besoins.  Les Béatitudes exprimées par Jésus : bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui suscitent la paix décrivent un style de communication qui s’opposent à la violence de ceux qui se croient forts et permettent à leur agressivité de se manifester en terme d’exclusion. Elles impliquent une reconnaissance de nos manques. Lorsque Guillaume le Blanc nous invite à accepter nos vulnérabilités , de fait à nous accepter tel que nous sommes avec nos dons et nos manques, il  nous montre les incidences de cette attitude non seulement pour nous même, mais pour la vie sociale. C’est ainsi que se manifeste une vraie humanité. Voilà de bonnes questions à nous poser. Parlons en !

 

JH

 

(1)            Le Blanc (Guillaume). Que faire de notre vulnérabilité ? Bayard, 2011. Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie à l’université de Bordeaux III Il est notamment l’auteur de « Dedans, dehors. La condition d’étranger (Seuil). Nous avons découvert ce livre à travers un commentaire de Ségolène Royal.

(2)            A travers son œuvre, le théologien Jürgen Moltmann nous aide à comprendre comment les  conditions du pouvoir et l’état des mentalités ont influencé les doctrines émises par certains théologiens menant ainsi à une pensée d’exclusion. Voir le blog sur la pensée de Moltmann : L’Esprit qui donne la vie. http://www.lespritquidonnelavie.com/

(3)            Moltmann (Jürgen). Jésus, le messie de Dieu. Cerf,1993

(4)            Cherisey (Laurent de). Le Grain de sable et la Perle. Quand les personnes handicapées nous redonnent le goût du bonheur. Presses de la Renaissance, 2011. Du même auteur : Passeurs d’espoir (2 vol.), 2005-2006.  Recherche volontaire pour changer le monde, 2008. Laurent de Cherisey est cofondateur de l’association Simon de Cyrène.