Entrer dans la bénédiction

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Bénir, c’est participer à l’œuvre de Dieu en répandant la paix : au sens de « shalom », une paix entendue, dans un sens très large : plénitude, harmonie, santé.

 

         En nous parlant ainsi de la bénédiction, Jean-Claude Schwab nous ouvre un horizon de vie.

         Récemment, on pouvait lire sur la lettre d’une entreprise de télécommunication (1), un message éclairant : « Allô provient de l’ancien mot anglais : hallow (sois béni), le salut des marins quand leurs bateaux se croisaient. Au fil du temps, le mot se transforme en hello. Ce sont les standardistes qui démocratisèrent l’usage du hello au téléphone qui devint phonétiquement notre allô français ». Aujourd’hui, à une époque où l’interconnexion est désormais une caractéristique majeure de notre existence, il est bon de se rappeler que le bon exercice de la communication dépend de la reconnaissance d’une dimension qui fonde une confiance réciproque. Tel était le cas de ces marins d’autrefois lorsqu’ils se saluaient en terme de bénédiction.

         Et, de même aujourd’hui, nous savons combien notre existence dépend de la qualité des relations qui donnent forme à notre environnement. Nous comprenons l’importance de notre manière de penser. Actuellement, de nombreuses recherches montrent les effets bénéfiques d’une pensée positive tant à l’égard des autres qu’à  l’égard de nous-même (2). Nous voyons là une disposition de la création qui trouve signification et vigueur dans la bénédiction.. Et d’ailleurs, dès le milieu du XXè siècles, des thérapeutes chrétiens comme Agnes Sanford et Norman Peale (3) ont témoigné d’une expérience des effets d’une pensée de bénédiction à  l’intention de tel ou tel.

         Lorsque nous croyons que Dieu est présent et agissant au cœur même de notre monde, nous voyons en lui la source de vie, la puissance d’inspiration qui porte tout ce qui va dans le sens de la vie.Il nous appelle à participer à son œuvre (4). Nous sommes tous appelés à entrer dans la bénédiction.

          Dans le passé, Jean-Claude Schwab, pasteur de l’Eglise Réformée en Suisse romande, a animé des sessions à Témoins dans le cadre de l’AFRAI, une association chrétienne se donnant pour but de manifester l’action de Dieu pour le développement et la restauration de la personne dans toutes ses dimensions (5) . Il anime également des sessions durant les vacances d’été (6). L’une d’entre elles a été consacrée au thème de la bénédiction. Dans un numéro du magazine Témoins, nous avions recueilli à ce sujet les propos de Jean-Claude Schwab qui nous fait entrer dans le mouvement de la bénédiction : affirmer la bénédiction ; reconnaître la bénédiction ; répandre la bénédiction,  comme une manière bienfaisante de penser et de vivre.

         Récemment, les numéros du magazine Témoins ont été numérisés et mis en ligne (7) sur le site de Témoins, le site de « la culture chrétienne interconfessionnelle ». On pourra donc y consulter cet article dans le cadre même du numéro dans lequel il a été publié (novembre-décembre 2000) (8).

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J.H.

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Entrer dans la bénédiction

 

         Bénir, c’est proclamer la paix, agir en faveur de la paix, établir un espace de paix.  Ici, on doit entendre le mot « paix » d’une façon très large, en retournant au terme hébraîque originel : Shalom.  Shalom signifie la plénitude, l’harmonie, la santé, tout ce qui concourt à l’accomplissement de l’homme. Mais ce terme exprime aussi la restauration de l’être, le salut. En proclamant la paix, la bénédiction exprime l’action de Dieu dans la création et dans la rédemption.

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Affirmer la bénédiction

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         Lorsque Jésus chasse les vendeurs du Temple, sa colère ouvre un espace pour la bénédiction (Mat 21. 12-16). Ce lieu n’était plus un espace de liberté et d’adoration, mais l’objet d’un envahissement. Cette situation évoque tout ce qui surgit en nous et fait opposition au moment où l’on veut faire place au silence, à l’intimité, à la rencontre. Les préoccupations, les sollicitations font barrage. A l’instar de la colère de Jésus, sans doute sommes-nous appelés parfois à poser des actes clairs, à laisser notre énergie s’exprimer pour rétablir les choses. Dans l’épisode rapporté de l’évangile, il ne faut pas moins que la colère de Jésus pour rétablir l’ordre originel, un espace sabbatique. Alors la rencontre peut avoir lieu. Les enfants expriment leur louange d’une façon toute simple et naturelle.  Les malades peuvent s’approcher pour être guéri. Le projet de Dieu se réalise.

         Mais, en même temps, les textes synoptiques nous disent qu’à la suite de cet incident, les ennemis de Jésus s’entendent pour le faire mourir. Ainsi, Jésus signe de sa mort cette œuvre de libération. C’est dire combien, à ses yeux, cet espace pour la bénédiction,au cœur de nos vies, est vital. Il a fallu l’action virulente de Jésus pour que les gens puissent s’approcher de Lui au temple. Jusque là, ils ne le pouvaient pas. Bien sûr, ils ont reçu de lui de grands bienfaits,  mais ceux-ci sont un effet de sa présence. Cette simple présence, sa proximité, est bénédiction. C’est à travers la présence de Dieu que s’établit le Shalom, plénitude et harmonie, puissance de restauration personnelle et relationnelle.

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Reconnaître la bénédiction

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         La présence et l’action bénissantes de Dieu sont à l’origine de l’univers, mais elles sont aussi à l’origine de ma vie. « C’est Toi qui m’a tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse » (Psaume 139. 13-14) « Tu m’as fait sortir du sein maternel. Tu m’as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère » (Psaume 22.10).

         Ainsi, mon Dieu, Tu as pris soin de moi dès l’origine.  Tu m’as donné des signes d’amour qui m’ont permis de vivre.  Sans ces signes, je n’existerais pas. J’ai reçu ainsi la confiance originelle qui est le fondement du développement humain. Il y a eu des dérapages ensuite dans ma vie. Mais j’ai reçu ce fondement, cette grâce d’exister. Si je n’en suis pas conscient, je suis appelé à réaliser que la bénédiction est à l’œuvre pour moi, depuis mon origine. Cette prise de conscience est une bénédiction en soi, une nouvelle bénédiction.

         « Mon âme, bénis l’Eternel, n’oublie aucun de ses bienfaits ». Cette exhortation à soi-même (Psaume 103) m’appelle à bénir Dieu pour ma vie et, pour cela, à faire mémoire de ma vie. C’est une démarche importante à faire périodiquement. Il y a là un travail en quête de sens, en quête des traces de Dieu. Quel est le fil conducteur pour ma vie ? Je rends grâce pour le bien et, dans les côtés négatifs, je cherche à reconnaître la main de Dieu qui utilise tout. Quand il y a du sens, il y a quelqu’un qui est derrière. Je découvre ce quelqu’un qui est avec moi.  Il y a là une attitude à acquérir : savoir reconnaître la présence de Dieu à l’œuvre dans ma vie.

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Répandre la bénédiction

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         « Que l‘Eternel te bénisse et te garde. Que l’Eternel fasse luire sa face et qu’il t’accorde sa grâce.  Que l’Eternel tourne sa face vers toi et qu’il te donne la paix » (Nombres 6, 24-26) . La bénédiction d’Aaron, traditionnelle dans le judaïsme, nous introduit dans une attitude de bénédiction .

         « Bénissez, ne maudissez pas » nous rappelle Paul (Romains 12.14), en écho à la parole de Jésus (Matthieu 5.44). Ce précepte nous invite à une attitude intérieure. Bénir les gens autour de nous, c’est avoir un regard positif sur eux, leur souhaiter le meilleur, les mettre intérieurement en relation avec Dieu, invoquer sur eux sa protection.

         Pour exprimer à l’autre la bénédiction de Dieu, il faut apprendre à se rendre présent à lui, entrer dans le concret d’une relation.  Je me réfère à l’attitude de Jésus lorsqu’il guérit un sourd-muet dans l’évangile de Marc (ch 7. 23-25). En quelque sorte, Jésus apprivoise cet homme. Il le prend à part, il entre en proximité avec lui en le touchant.  Jésus soupire intérieurement, lève les yeux au Ciel et dit à l’homme : « Ouvre-toi ». Présent à lui-même dans son soupir, Jésus est présent au Père et exerce une présence de libération vis-à-vis de cet homme.

         Pour moi, la parole et la présence sont deux réalités qui doivent aller de pair. Ainsi, bénir l’autre explicitement, c’est se rendre présent à lui et dans l’humilité, se faire simplement le serviteur d’une Parole. Entrons ensemble dans la bénédiction de Dieu.

 

Propos recueillis auprès de Jean-Claude Schwab

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(1)            La lettre. Ligne fixe. orange, mai-juin 2013

(2)            « La dynamique de la conscience et de l’esprit humain. Un nouvel horizon scientifique. D’après le livre de Mario Beauregard : « Brain wars ». http://www.temoins.com/etudes/la-dynamique-de-la-conscience-et-de-l-esprit-humain.-un-nouvel-horizon-scientifique.-d-apres-le-livre-de-mario-beauregard-brain-wars.html

(3)            Agnes Sanford inscrit la prière de guérison dans une compréhension des interrelations entre la pensée et le corps :       Sanford (Agnes). La lumière qui guérit . Delachaux et Niestlé, 1955. Norman Vincent Peale a découvert l’apport de la psychologie dans le développement spiritueL Il donne à un de ses livres intitulé au départ : « Puissance de la foi », le titre : « Puissance de la pensée positive » pour que celui-ci puisse s’adresser à tous et pas seulement aux croyants pratiquants. Peale (Norman Vincent).  La puissance de la pensée positive. Marabout, 1990

(4)            Sur ce blog, la contribution d’Odile Hassenforder : « Dieu, puissance de vie. Les projets de Dieu pour moi, pour l’humanité, pour l’univers sont des projets de bonheur et non de malheur ». https://vivreetesperer.com/?p=1405

(5)            Les interventions de Jean-Claude Schwab à Témoins ont été suivies par la publication de deux textes : « Voici une bonne nouvelle : habiter mon corps » :  http://www.temoins.com/developpement-personnel/voici-une-bonne-nouvelle-habiter-mon-corps/toutes-les-pages.html    et : « Au cœur du cyclone » : http://www.temoins.com/parole-ouverte/au-coeur-du-cyclone.html  On se reportera également à une récente contribution de Jean-Claude Schwab sur ce blog : « Accéder au fondement de son existence »  https://vivreetesperer.com/?p=1295

(6)            Jean-Claude Schwab participe activement à l’association : Expérience et Théologie : http://www.experience-theologie.ch/accueil/

(7)            La mémoire de Témoins : http://www.temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=959&catid=30

(8)            Témoins. Novembre/Décembre 2000  http://temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=993&catid=29

Une expérience. Un regard transformé

Visiter des expositions d’art

Geneviève aime visiter des expositions d’art.

« J’aime beaucoup me donner le plaisir de prendre le temps d’entrer dans l’univers sensible d’un artiste. Quand j’ai du temps, je vais voir les grandes expositions qui suscitent beaucoup d’entrées, mais aussi les petits musées intimes où il y a plus de silence et de possibilité de se concentrer. C’est une visite. C’est une rencontre, une concentration sur l’œuvre de quelqu’un, sur l’œuvre d’une personne particulièrement sensible qui a une manière à elle de regarder le monde.

Je suis intéressé par son regard. C’est très net dans les expositions de photos. Je suis émerveillé par le regard du photographe  qui sait voir dans des choses humbles, la beauté des choses simples.

Récemment, j’ai été très impressionné par la visite d’une grande exposition de photos du photographe coréen, Ahae, qui avait pour titre : « De ma fenêtre », parce que ce sont des photos multiples de ce qu’il a vu du paysage qui l’environne sans jamais quitter sa propre fenêtre. Sa maison est entourée d’arbres, d’étangs, de chemins. On voit donc la nature de près et de loin, sous différentes lumières, sous la neige, au soleil, à travers les saisons. Et dans ce monde immobile, on voit les habitants de cet espace : des biches, des oiseaux, des papillons.  Cette précision du regard nous invite, d’une certaine manière, à regarder notre environnement avec la même précision.

Je suis également stimulée par les expositions de peinture. Durant ces derniers mois, j’ai vu ainsi au Louvre l’exposition des visages de Jésus par Rembrandt. Je suis toujours saisi par le regard du Christ, et le regard du Christ qui est en face de nous. J’ai été frappée par ce que me disait une amie artiste. Ce n’est pas seulement nous qui regardons le visage. C’est le visage qui nous regarde . C’est un véritable échange. Mais il faut savoir rester longtemps devant une œuvre. C’est justement ce qui m’intéresse. C’est l’idée de prendre son temps. Contempler une œuvre, c’et se laisser habiter par cette œuvre. On ne peut pas seulement passer. L’artiste nous fait un formidable cadeau.

J’ai vu également au Louvre la peinture de Léonard de Vinci : Sainte Anne, qui m’a touché par son humanité.  Pour moi, c’était comme lire une page d’évangile. J’ai visité aussi l’exposition  Mondrian. C’est un artiste qui, dans un  premier temps, peint des arbres. Petit à petit, par une sorte d’exigence intérieure, il arrive à un degré d’abstraction qui est, en même temps, une quête de perfection. Cela m’intéresse de voir l’évolution d’un peintre.

Lorsque je sors d’une exposition, je suis toujours étonnée de voir comme mon regard a été, en quelque sorte, purifié parce que j’ai reçu de l’artiste, l’expression de son regard sensible et je suis ainsi invitée à être plus attentive au monde qui m’entoure, à sa singularité. Cela m’aide à sortir d’une sorte de passivité et à me réjouir de la beauté du monde. C’est pour cela que j’aime tant voir des expositions, feuilleter des livres d’art, voir des films d’art aussi. C’est pour moi une sorte de démarche spirituelle. Je la vis quelquefois avec des ami(e)s parce que le regard de l’autre m’intéresse toujours.

Contribution de Geneviève Patte.

Etudier la psychologie au Canada

Expérience d’une étudiante française.

 

Sarah est étudiante en psychologie dans une université anglophone au Québec.

Au départ, elle a choisi son orientation vers la psychologie parce que, nous dit-elle, « Dans mes relations avec les autres, j’ai réalisé que je pouvais les aider, et la psychologie m’est apparue comme un chemin qui me permettrait d’être plus épanouie et d’aider les autres à l’être aussi ».

 

Après le baccalauréat, Sarah a commencé des études de psychologie à l’Université Paris 7. « Cet enseignement est très orienté vers la psychanalyse. Et, par ailleurs, la manière d’enseigner ne m’a pas convenu, parce que c’est un ensemble de grandes idées qui me paraissent très théoriques, sans rapport avec la réalité vécue. Cet enseignement ne me permettait pas d’avoir des repères et me laissait complètement « dans le flou ».

 

« Ayant eu la possibilité d’aller au Canada, à Toronto, pour perfectionner mon anglais, j’ai beaucoup apprécié ce pays.  En effet, le gens sont très accueillants,  très gentils, très attentifs.. Par exemple, en demandant dans la rue mon orientation, il m’est arrivé qu’une personne m’accompagne jusqu’à ma destination. On peut rencontrer des gens partout. Le contact s’établit très facilement et avec n’importe qui. En France, les rencontres sont beaucoup plus difficiles parce qu’il y a une mentalité dans laquelle chacun est tourné vers son propre groupe. On ne va pas parler à quelqu’un qu’on ne connaît pas ! »

 

Sarah a décidé de rester au Canada. « J’ai trouvé une université pour poursuivre mes études de psychologie. Dans la conception anglo-saxonne, les études sont étroitement liées à la vie sociale étudiante : campus, évènements culturels (théâtre), clubs. Comme j’étais française, j’ai été contactée par le club international du campus et j’ai participé à ses activités. Je me suis adaptée rapidement » .

 

Sarah a immédiatement apprécié l’enseignement. « Les professeurs sont là pour enseigner. Ils aiment ce qu’ils font. Ils sont là pour aider les étudiants. On peut leur poser des questions et discuter avec eux. En France, les  professeurs paraissent beaucoup moins disponibles et accessibles.

Dans cette université, l’enseignement de la psychologie est très lié à la neurobiologie. Les enseignements sont très concrets. Ils s’appuient sur l’utilisation de la technologie (ordinateurs, réseau internet..) . Les étudiants sont invités à effectuer des recherches, à travailler entre eux. Il y a une vision dynamique. On perçoit qu’il y a des phénomènes nouveaux à découvrir . La psychologie apparaît comme une discipline qui a de l’avenir. Les découvertes qui sont faites vont transformer la vie des gens ».

 

Sarah se sent très motivée par les études qu’elle a entreprises au Canada. Ces études lui apportent beaucoup. Aussi, nous dit-elle, « Si quelqu’un a une opportunité qui se présente dans ce sens, je lui conseille de ne pas hésiter. C’est enrichissant à tous les niveaux ».

 

Contribution de Sarah.

Solidaires face à la solitude

Les vies ne naissent pas de rien. Elles apparaissent et se développent dans un environnement relationnel. Je grandis dans une famille. Je vis dans des milieux très divers où je participe à une solidarité et en reçoit les bienfaits. La vie humaine dépend des relations dans lesquelles elle se meut. Là où s’exerce une dynamique relationnelle porteuse d’harmonie, la vie humaine prospère et fleurit. Là ou la densité et la qualité des relations s’appauvrit et menace de se tarir, la vie humaine est menacée.

 

Il y a des vies qui vont à toute allure d’une activité à une autre si bien que l’environnement social leur apparaît comme donné. Mais, si un événement malheureux ou une blessure intérieure casse cette dynamique, alors la personne peut perdre très vite les relations qui lui étaient assurées par les activités auxquelles elle participait. Lorsqu’un couple se défait ou lorsqu’un deuil intervient, des relations jusque là naturelles s’espacent et parfois disparaissent. Et, de même, lorsque, par telle ou telle circonstance, une personne quitte le milieu dans lequel elle a fait route, là aussi les relations se dénouent comme si elle disparaissait elle-même du champ de conscience de ceux avec qui elle a été en chemin. Dans une société où chacun semble suivre sa trajectoire, dans une logique qui se traduit dans des implications immédiates et un jeu de contraintes, alors il y a peu de place pour une écoute de ce qui advient au delà. En regard de ceux qui sont en pleine activité, il y a donc des situations très variables de la solitude qui menace jusqu’à l’exclusion qui détruit.

 

Par expérience, nous savons qu’il y a des amis fidèles, des hommes et des femmes qui portent un regard au delà de l’enfermement des routines et des habitudes. Ils ont fait un choix, celui de l’attention à l’autre, partout et toujours. Ils rejoignent ceux qui luttent pour vivre face à la menace de l’isolement. Déjà Jésus nous parle d’un homme méconnu par ceux qui sont prisonniers d’une activité routinière, mais qui trouve sollicitude et accompagnement dans un homme qui a su rompre, un moment, avec le train-train de son existence (1)

 

Quel est notre ressenti vis à vis de ces situations ? Partageons entre nous des expériences de rencontre et de créativité sociale face à la solitude et à l’exclusion !

 

JH

 

(1) Evangile de Luc 20 : 25-37

Partager le bon et le beau

https://www.temoins.com/wp-content/uploads/2011-2/2011-2_777Allons.jpgNous nous trouvons souvent  confrontés à une ambiance où l’expression du négatif l’emporte. Différents sentiments s’y manifestent. Ce peut être la crainte lorsqu’on se décharge, sans contrepartie de mauvaises nouvelles et, parfois, avec force détails. C’est une absence d’horizon, un avenir bouché. Tous les maux de la terre, certes bien réels, affluent. Parfois on regrette le passé. Tout va mal. Tout va plus mal. Et puis, chacun pour soi. Cela se dit rarement, mais cela se pratique : égoïsme et cynisme. Bien sûr, là où une foi ou un  idéal se manifestent, l’ambiance est autre. Mais, même là, on observe parfois un repli sur son propre milieu : le bien au dedans, le mal et le danger au dehors.

Ce propos est caricatural. Et d’ailleurs, le mal existe. Il est là et bien là. Cette réalité appelle mise en garde, lutte et pour les chrétiens, intercession. Simplement, partout où nous constatons une expression commune d’empathie, de sympathie et de paix, nous pouvons dire qu’il y a là ce qui permet aux gens de vivre et à la société d’être humaine, au bon sens du mot. Et d’ailleurs, qui ne verrait pas le positif, non seulement dans l’attention que tant de gens se portent dans la vie quotidienne, mais aussi dans des mouvements qui s’expriment à grande échelle dans notre société : l’entraide qui se déploie dans un grand nombre d’associations humanitaires, le désir de beauté qui fait le succès des expositions, une nouvelle sociabilité qui s’esquisse notamment sur internet, et bien d’autres tendances positives. Apprenons à voir le positif dans l’offre « mélangée » des médias. Mais n’y aurait-il pas aussi des lieux de rencontre où on puisse, à certains moments, partager ce qui est bon et beau et s’en réjouir ensemble ?

Nous rapportons ici une expérience. Pendant quelques années, dans une association, des rencontres ont été organisées pour permettre un partage des expériences positives de chacun. Ainsi, les participants exprimaient des expériences de tout genre, ce qu ‘ils avaient vécu de beau et de bon. Ce pouvait être l’émotion ressentie à la vue d’une peinture, l’appréciation d’un livre ou d’un film, l’harmonie perçue à travers tel chant ou telle musique, la joie d’une compréhension nouvelle de la société ou de la nature, mais aussi un moment de bonheur au quotidien, l’émotion ressentie en présence d’un paysage, une expérience spirituelle ou l’expression d’un vécu relationnel bienfaisant. Et cette énumération n’a pas de limites.

Chacun pouvait donc participer selon son désir en exprimant ainsi ce qui lui tenait à cœur, mais aussi en écoutant tout simplement et en goûtant le bonheur de ce partage. Chacun avait son chemin, son itinéraire. Chacun était respecté dans son mouvement et sa recherche.

Explicitement , cette rencontre était organisée par des chrétiens, si bien qu’il était reconnu qu’à certains moments, dans un chant ou dans une prière, une louange s’exprimait. C’était une expression de reconnaissance envers « l’Esprit qui donne la vie » et en « Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17.27). Et ce Dieu là ne fait pas de forcing et respecte le cheminement de chacun.

Il y avait là une ambiance conviviale et joyeuse qui faisait écho à ce que, dans les premiers temps du christianisme, un apôtre a exprimé en considérant ce qui était positif dans la société de son temps, elle aussi aux prises avec bien des déformations et même des dépravations.  Paul écrivait ainsi aux chrétiens : « Que tout ce qui est bon et digne de louange, tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur et honorable soit l’objet de vos pensées » (Epitre aux Philippiens 4.8).

Ce que nous vivons déjà sur un certain registre, pourquoi ne pas le partager dans des rencontres comme celles que nous venons de décrire ? La situation peut varier. Elle est peut être très informelle, par exemple une soirée entre amis où on prend plaisir à partager de belles et bonnes choses. Le cadre lui-même peut  comporter de nombreuses variantes en particulier dans le degré de l’expression de foi qui pourrait aller jusqu’à la mise en œuvre d’un culte où l’Esprit s’exprime à partir de l’expérience apportée et partagée comme des paroles bibliques qui se présentent. Comme dans une oeuvre musicale, il y a des notes multiples. On peut aussi prendre part à des processus analogues dans des contextes purement séculiers. Quoiqu’il en soit, sachons être attentif. « L’essence de la création dans l’Esprit est la collaboration » (Jürgen Moltmann). « Tout ce qui monte, converge » (Teilhard de Chardin).

 

JH

 

Sur ce blog : Vivre en harmonie

Sur le site de Témoins, la vie d’un groupe de partage : Un air de liberté. Conversation avec Frédérique. https://www.temoins.com/un-air-de-liberte-entretien-entre-frederique-ivulski-et-jean-hassenforder/