Une boite à soleil : reconnaître les petits bonheurs comme un flux de vie

 

 

De l’archéologie de la souffrance à une psychologie des ressources

Par Jeanne Siaud Facchin

 

Dans notre existence quotidienne, savons-nous reconnaître les petits bonheurs qui se présentent à nous comme des épisodes qui nous réjouissent le cœur, nous fortifient et peuvent nous construire dans une vision positive ? Dans un talk à la conférence TEDx Vaugirard Road, Jeanne Siaud Facchin nous invite à reconnaître les « petits bonheurs » et à les mémoriser dans tout notre être en développant ainsi un comportement positif au lieu de vouloir arracher à tout prix les mauvaises herbes de notre passé. Et c’est pourquoi comme psychologue, elle intitule la vidéo correspondante : « En finir avec l’archéologie de la souffrance » (1). Jeanne Siaud Facchin nous entraine ainsi avec délicatesse de cœur et enthousiasme dans un parcours où nous découvrons le potentiel des petits bonheurs.

 

Jeanne Siaud Facchin commence par nous raconter une belle histoire, celle d’une petite fille qui voulait offrir un cadeau d’anniversaire à son grand frère. C’est l’histoire particulièrement symbolique de la « boîte à soleil ». Elle a trouvé une boîte et toute la journée, elle a cherché à y capturer du soleil. Et le soir, la boîte est éclairée, car il se trouve, nous rapporte la conteuse à la fin de l’histoire, qu’un vers luisant est venu s’y loger ! « Quelquefois dans la vie, c’est comme ça. On croit que ce n’est pas possible. Et pourtant ! ».

 

La vision  que nous apporte Jeanne Siaud Facchin n’est pas un rêve. Elle est bien  connectée avec la réalité. Et c’est ainsi qu’elle introduit son exhortation par un récit émouvant. Comme psychologue, elle reçoit un  jour un petit garçon qui vient de perdre son papa. Elle nous rapporte son désarroi face à cette situation tragique. Les savoirs théoriques ne sont d’aucun secours. Alors, elle se fie à son intuition : « Je prend une grande respiration : je me relie à ce que je ressens au plus profond de moi. Je m’entends lui dire : « Tu sais, au fond de toi, il y a un trésor. C’est tout l’amour que tu as partagé avec ton papa, les moments de bonheur que tu as passés avec lui. Et ce trésor, la mort ne l’a pas emporté. Tu l’auras toujours au fond de toi. Et tu pourras y puiser tout au long de la vie. C’est ta boîte à soleil ». Elle a rencontré, par la suite, ce petit garçon devenu grand qui se souvenait du réconfort qu’elle lui avait ainsi apporté : « Il avait ressenti quelque chose de chaud. Ça l’avait beaucoup aidé ».

 

A partir de cet exemple émouvant, Jeanne Siaud Facchin peut nous interpeller : « C’est pourquoi c’est si important d’avoir une boite à soleil, d’avoir cette attention de la remplir à chaque instant de sa vie. Tout le monde peut capturer du soleil, capturer ces micromoments de vie qui sont doux, agréables, qui nous font chaud au cœur, mais auxquels il faut être attentifs, car ils sont éphémères. Souvent on passe à côté. Et pour graver ces petits bonheurs, il faut faire très attention… On passe beaucoup de temps de notre vie à attendre le Bonheur ou à courir après lui. Comme si un jour le Bonheur arrivait : « Bonjour, je suis le Bonheur »… Ce sont les petits bonheurs, les bonheurs ordinaires qui fabriquent le bonheur extraordinaire ».

Mais comment y prêter attention ? Comment nous en imprégner ? Comment le mémoriser pour nous en inspirer ? « Pour graver en soi les petits bonheurs, la seule chose dont nous ayons besoin, c’est notre corps. Le bonheur, ça s’attrape en ressentant, en ressentant vraiment. Le bonheur, ça se sent. Je m’arrête un instant, je me relie à moi, aux émotions qui sont là et je les ancre aux plus profond de moi ».

 

Trop souvent, nous vivons en marge de notre être profond. Alors Jeanne Siaud Facchin nous propose un exercice : « Et si on ramenait tous notre attention sur nos sensations… Et puis tranquillement, je puis fermer les yeux, puis focaliser mon attention sur certains points de mon corps, tout ce que je peux sentir. Et juste là, juste maintenant, est-ce que je me relie avec mes sensations ? Je dirige mon attention pour être mieux relié à moi-même et aux autres. Est-ce que je peux sentir que je suis là, vraiment là ? Souvent, on le sait, mais dans notre tête, on est ailleurs ».

 

Cette attention positive reliée à la sensation nous permet d’être vraiment présent avec tout notre corps. Nous pouvons graver nos petits bonheurs dans une boîte à soleil. « Et qu’est ce qui se passe dans notre cerveau quand on est totalement relié à ce qu’on vient de vivre. Ce sont les neurosciences qui nous le disent. Notre cerveau déclanche la sécrétion d’un cocktail d’hormones qui nous font du bien, qui nous apaisent. Bien sûr, la boîte à soleil n’empêche pas les malheurs de l’existence. Elle ne peut pas empêcher les souffrances. Mais elle permet de les amortir. Elle permet d’avoir des ressources pour aller y puiser, pour ne pas être « vidé » au sens propre, pour ne pas se laisser engloutir ».

 

« Et si c’était ça le chemin pour vivre mieux ! Si c’était cela la psychologie d’aujourd’hui ! C’est comme une bascule. On passe de l’archéologie de la souffrance à la psychologie des ressources qu’on pourrait appeler une psychologie préventive qui nous donne des clés pour notre vie, une psychologie qui nous apprend à nourrir et cultiver des champs fertiles plutôt que de s’épuiser à tenter d’arracher de mauvaises herbes ».

 

« Parce que ce qui  est hallucinant, c’est qu’on continue à fonctionner comme à la préhistoire. Notre cerveau est génétiquement programmé comme celui des hommes des cavernes. Notre amygdale, cette petite zone au fin fond de notre cerveau archaïque et dont la fonction est de décoder les émotions, se déclanche tout le temps face à ce qui est perçu comme une menace, comme un danger, comme si notre vie en dépendait. Et alors, des milliers d’années après, on continue à vivre dans un état d’alerte permanent. On est polarisé sur ce qui ne va pas. C’est ce qu’on voit en premier, en grand, c’est ce qui attire immédiatement notre attention. C’est pour cela qu’il est tellement important, urgent de modifier le câblage, la programmation. Il faut s’entraîner. Et la bonne nouvelle, c’est que notre cerveau est plastique, malléable ; ça s’appelle la neuro plasticité. Et grâce à la capture des petits bonheurs, on va restructurer notre cerveau, on va créer de nouvelles connexions, on va tracer de nouveaux chemins et c’est ça qui change tout. Entraîner notre cerveau à se focaliser automatiquement sur ce qui va bien et comme cela, on remplit notre boîte à soleil sans y penser ».

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Ce discours nous touche parce qu’on le sent bienfaisant et parce qu’il ouvre une voie. Il y a dans ce parler une force de conviction parce qu’il fait écho à des expériences et des aspirations en nous, même lorsque nous ne pouvons pas encore les exprimer comme cela.

Pour nous, nous sentons bien combien nous sommes fortifiés par les épisodes où nous vivons un moment de bonheur et d’harmonie si nous savons l’inscrire dans notre parcours de vie. Et nous savons aussi combien il peut être réconfortant de revisiter des souvenirs heureux. Tout cela se développe d’autant mieux si nous sommes imprégnés de bienveillance et si notre attention est tournée vers le bon et le beau.

Ici, sur ce blog, nous évoquons souvent la vie et la pensée d’Odile Hassenforder telle qu’elle nous en fait part dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (2). Dans son chemin spirituel, elle a reçu une inspiration qui l’a portée à valoriser toutes les expériences positives. Certes, cette inspiration va au delà d’une attention aux moments heureux, mais elle l’inclut. Face à la maladie, elle nous parle de la joie d’exister. « Au fond de mon lit, en pleine aphasie due à une chimio trop forte, j’ai reçu la joie de l’existence, un cadeau gratuit donné à tout humain par Dieu. En réalisant cela, je découvre le jaillissement de l’être divin qui nous partage ce qu’il est puisque nous sommes créés à son image pour évoluer à sa ressemblance (p 172). C’est l’accueil de la vie : « Que c’est bon d’exister pour admirer, m’émerveiller, adorer. C’est gratuit. D’un sentiment de reconnaissance jaillit une louange joyeuse, une adoration du Créateur de l’univers dont je fais partie, un Dieu qui veut le bonheur de ses créatures. Alors, mon « ego » n’est plus au centre de ma vie. Il tient tout simplement sa place, relié à  un tout sans prétention (Psaume 131). Je respire le courant de la vie qui me traverse et poursuit mon chemin comme il est écrit dans un psaume : « Cette journée est pour moi un sujet de joie… une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel auprès de toi. Louez l’Eternel, car il est bon. Son amour est infini » (psaume 16.115) (p 180).

Et tout au long de ce parcours, Odile nous dit combien elle apprécie les petits bonheurs et s’en  nourrit. De sa fenêtre, elle admire le paysage mouvant de la nature. « Mon fauteuil de méditation matinale est orienté à l’est. J’aime admirer le lever du soleil, ces nuages qui s’élèvent, se colorent, passent du gris au rose, avancent plus ou moins vite selon le vent… Pour ma part, de tels spectacles de la nature, de la simple pâquerette au coucher de soleil m’émeuvent. Je sens mon cœur se dilater. J’appartiens à cet univers visible, mais aussi invisible… » (p 213) Et un des chapitres du livre est consacré à l’importance des rencontres ordinaires : « Des petits riens d’une grande portée » (p 183-184).

 

Chacun de nous peut répondre à sa manière à l’évocation des petits bonheurs que nous décrit Jeanne Siaud Facchin. Mais qui n’apprendrait pas de son entretien un plus pour sa vie ? A partir d’une expérience toute simple : savoir apprécier et se nourrir de petits bonheurs, elle ouvre une approche nouvelle dans la démarche psychologique : « Passer de l’archéologie de la souffrance à la psychologie des ressources ». Et d’expérience, on comprend bien ce qu’elle nous rapporte des effets du fonctionnement du cerveau archaïque : la perception excessive de la menace et du danger. Alors,  comment ne pas l’écouter lorsqu’elle nous invite à la « capture des petits bonheurs pour créer de nouvelles connexions et tracer de nouveaux chemins, ce qui change tout ».

 

J H

 

(1)            Sur le site TEDx Vaugirard Road (Bouger les lignes 12 juin 2014), Talk en vidéo de Jeanne Siaud Facchin : « En finir avec l’archéologie de la souffrance » : http://www.tedxvaugirardroad.com/videos-2014/                  On pourra consulter aussi le site de Jeanne Siaud Facchin : http://www.jeannesiaudfacchin.com/index.php?lang=fr

(2)            Hassenforder (Odile). Sa Présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte Temps présent, 2011. Sur ce blog, articles en rapport avec ce livre : https://vivreetesperer.com/?tag=odile-hassenforder

 

 

Sur ce blog, voir aussi :

 

« Vivant dans un monde vivant… Aparté avec Thomas d’Ansembourg » : https://vivreetesperer.com/?p=1371

 

« Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand : Lytta Basset. Oser la bienveillance » : https://vivreetesperer.com/?p=1842

 

« Développer la bonté en nous. Un habitus de bonté » : https://vivreetesperer.com/?p=1838

 

« Des petits riens d’une grande portée. La bienveillance au quotidien » : https://vivreetesperer.com/?p=1849

 

« Comme les petits enfants : Accueil, confiance et émerveillement » : https://vivreetesperer.com/?p=1640

Et si je tentais d’exprimer ce que je ressens par la peinture ou le graphisme, pour y voir plus clair !

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Déjà, s’arrêter à ce qu’on ressent, n’est pas acquis dans ce monde d’agitation ;

nous tournons tellement dans – et avec – nos idées, nos arguments, nos projets…

Alors, nous exprimer par la peinture – ou la terre – à travers des formes, des couleurs, des lignes, des matières, des gestes,  des directions, des formats… qu’est-ce que ça peut bien nous apporter ?

 « Recourir à l’expression graphique permet de matérialiser ce que je ressens : du coup, cela aide à le ressentir davantage, à  saisir davantage  sa consistance. C’est comme une mise au net en photo ! »

Je le mets hors de moi. Je le vois devant moi : cela m’aide à prendre du recul et, de surcroît,  à me laisser bouger par ce que je vois. »

En fabriquant, nous devenons plus aptes à percevoir les mouvements intérieurs en nous, les émotions, les sentiments, les sensations qui foisonnent en nous, et du coup cela nous met en mouvement !

« Je suis dedans, prise avec mon corps, mes gestes. Ca me permet de vivre ce moment, dans ma globalité : mes sens tactiles sont en éveil, mon regard, mon corps par les gestes, par les postures quelquefois. Je ne peux me cantonner aux seules idées. »

 « Je vis une interaction entre le mouvement d’exprimer ce que je ressens et celui d’être touchée et interpellée par ce que je viens de faire, et que je vois. »

La réalisation nous ouvre à plus de connaissance de nous-mêmes que la seule intention de départ.

De surcroit, il n’y a même pas d’obligation de résultat artistique !

Cela permet de nous vivre librement, plus gratuitement, tout en en apprenant  sur soi et en  nous faisant  changer intérieurement : « c’est pas beau, ça ? »

C’est l’expérience d’un beau qui émane du vrai !

L’expression graphique est une analyse de sensations en actes ; elle fait bien expérimenter que l’analyse PRH est une expérience à vivre de relation à son monde intérieur, non simplement une méthode à appliquer. IMG_5999

Elle se complète par une analyse écrite : là encore, soit une sensation particulière, soit le cheminement pendant l’expression (quand il y a plusieurs réalisations), soit la manière de procéder, sont autant de matériaux qui viennent nous éclairer sur soi ou sur la manière de se vivre.

Il ne s’agit pas d’un défoulement, ni d’expériences plastiques qui en resteraient là.

C’est une démarche ordonnée ; ordonnée aux sensations présentes, vivantes au moment, et ordonnée à nos motivations d’avancée pour notre vie

Elle est particulièrement indiquée… quand on y est attiré, certes… et pour les personnes qui  vivent beaucoup dans leur tête, leur mental et qui cherchent  à plus ressentir ce qu’elles vivent : ça le rend tangible

 Si vous souhaitez tenter l’expérience, plusieurs stages vous sont proposés :

La vie en moi et ses entraves

Avancer en cohérence dans mon quotidien

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Au plus br++lant d'amour

Au plus brûlant d’amour : se donner jusque-là, comme une flèche pointée.#

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ce feu au dedans

Ce feu au-dedans : ce brasier de vie et d’amour au fond de chacun#

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Chemin vers du neuf

Chemin vers du neuf, telle une aube nouvelle

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Valérie Bitz,  Formatrice PRH

L’enfant : un être spirituel

 

 

 

 

 

 

Souvenir personnel et sans doute souvenir de beaucoup d’autres : lorsqu’il vient au monde, le petit enfant engendre une dynamique d’amour chez ceux qui l’accueillent. Quelle merveille !

Tout récemment, dans une enquête, en réponse à la question : « Quel événement à venir pourrait susciter un émerveillement de votre part ? », la naissance arrive en tête (38%), suivie d’assez près par la joie d’un  enfant (33%) (1).

Cependant, d’après le travail des historiens, on sait que l’attention et le respect portés à l’enfant n’allaient pas de soi autrefois. Loin de là. Cette attention et ce respect se sont développées à partir du moment où les sociétés sont peu à peu sorties de l’oppression engendrée par la mortalité infantile, la sous nutrition, une violence latente…Pendant longtemps, en regard des adultes, le statut des enfants a été négligeable. Au début du XXè siècle encore, les mentalités ne sont pas prêtes à reconnaître le potentiel du petit enfant. A travers une œuvre pionnière, la doctoresse italienne, Maria Montessori, met en valeur ce potentiel, et, dans un livre rayonnant : « L’enfant » (2), elle parle de celui-ci en terme d’ « embryon spirituel ». Aujourd’hui où le concept de spiritualité est désormais reconnu et jouit d’une large audience, des recherches récentes viennent de mettre en évidence les dispositions spirituelles présentes chez l’enfant. Une recherche, réalisée par Rebecca Nye et David Hay, auprès d’enfants britanniques de 6 à 10 ans, a mis en évidence leurs aptitudes spirituelles en terme de « conscience relationnelle » (3).

Rebecca Nye nous décrit ainsi la spiritualité des enfants (4).

« La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Cette conscience peut être ressentie ou pas, mais dans les deux cas, elle influe sur les actions, les sentiments et les pensées. Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que moi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, à la création ou à un profond sens de l’être intérieur (inner sense of self). Cette rencontre avec la transcendance peut advenir dans des expériences ou des moments spécifiques aussi bien qu’à travers une activité imaginative ou réflexive » (p.6).

Beaucoup d’expériences quotidiennes dans la vie de l’enfant se prêtent à un vécu spirituel. Aussi comprendre l’enfance est fondamental pour une compréhension plus générale de la spiritualité. Comprendre l’enfance, c’est percevoir entre autres, les réalités suivantes :

« ° Les enfants ont une façon plus holistique de voir les choses. Ils ne les analysent pas autant si bien que leur perception a un caractère plus mystique.

° Les enfants sont particulièrement ouverts et curieux. Aussi ont-ils une capacité naturelle d’émerveillement.

° La vie émotionnelle des enfants est au moins aussi forte que leur vie intellectuelle. Aussi savent-ils ce que c’est de s’abandonner à des forces qui transcendent leur contrôle.

° Les enfants manquent de connaissances sur beaucoup de choses. Pour eux, le mystère est une réalité profonde, généralement non menaçante, amicale et ils y répondent par un respect et une recherche de sens dans tous leurs jeux quotidiens.

° Les enfants acceptent que leurs mots ne suffisent pas à décrire pensées et sentiments. Aussi savent-ils que la valeur et l’importance réelle dépassent ce qui peut être dit. Ils se sentent à l’aise dans l’ineffable, l’indicible » (p.8)

« La découverte majeure de toutes ces études est que la spiritualité est une caractéristique commune naturelle, chez la plupart des enfants, probablement tous. Certainement aucune étude ne fait apparaître un type d’enfant qui ne possède pas des aptitudes spirituelles actives. D’un point de vue chrétien, cela fait sens, puisqu’on comprendrait difficilement pourquoi certaines personnes seraient créées sans une capacité instinctive de répondre à notre Créateur » (p.9). Les études sur la spiritualité des enfants éclairent notre compréhension de la spiritualité des adultes . « Un nombre surprenant d’adultes citent un souvenir d’enfance comme leur expérience spirituelle la plus importante… ». Au total, on constate que « la spiritualité des enfants est plus naturelle qu’apprise, que peut-être le terrain le plus fertile pour la spiritualité se situe dans l’enfance , que la spiritualité de l’enfance se répercute sur l’âge adulte, et que la spiritualité est profondément relationnelle » (p.11).

 Ces recherches viennent apporter une confirmation de ce que nous ressentions plus ou moins clairement. Oui, l’enfant est un être spirituel. Pendant des siècles, cette réalité a été largement méconnue. Ainsi les paroles de Jésus concernant les enfants étaient à contre courant. Aujourd’hui, elles retentissent avec une force inégalée. Maintenant, elle inspire les théologiens (5) et, pour nous, elles éclairent notre cœur et notre entendement. Jésus dit : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le Royaume des Cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19.14). « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même…( Marc 9. 37) ». Le commentaire de Rebecca Nye est éclairant : l’approche de Jésus vis à vis des enfants paraît appuyer l’idée que leur spiritualité reflète un état d’être quotidien. Les enfants sont accueillis et bénis et c’est au hasard que Jésus met un enfant en évidence. Cette réflexion nous éclaire sur la portée des recherches sur la spiritualité des enfants. De la même façon, Jésus s’est référé aux enfants (sans spécifier leur âge) comme « ceux dont les anges dans le ciel voient constamment la face de mon Père dans les cieux » (Matthieu 18.10). Cela suggère que les enfants jouissent d’une perception toute particulière.

C’est une forte invitation à penser que les adultes ont des choses à apprendre de la manière des enfants d’être simplement eux-mêmes et sur la relation pouvoir autorité entre les adultes et les enfants.

La découverte actuelle de la spiritualité des enfants s’inscrit dans le tournant culturel et religieux en cours durant les vingt dernières années (6). Mais, en même temps, ce phénomène est l’aboutissement de tendances à plus long terme. Ainsi le courant de l’éducation nouvelle se manifeste tout au long du XXè siècle. De même, le thème de la spiritualité a pris une importance croissante dans les dernières décennies.

La prise de conscience de la dimension spirituelle des enfants marque également une rupture avec les séquelles d’idées et de représentations installées en Occident pendant des siècles. Ainsi l’enfant était perçu comme entachée par une corruption issue du péché originel avec toute la représentation négative qui en résultait. On frémit à la manière dont certains envisageaient le sort des enfants décédés sans avoir été baptisés. Et par ailleurs, en mettant l’accent sur la petitesse et l’humilité des enfants et non sur leur potentiel de vie, la perception traditionnelle était aussi empreinte de négatif. Mais, en même temps, la reconnaissance croissante de la spiritualité des enfants s’affirme aujourd’hui à l’encontre d’une idéologie scientiste, rationaliste qui a occupé une place importante dans le paysage culturel du siècle dernier. Bien sûr, on doit également se garder d’une idéalisation excessive de l’enfant. Celui-ci participe à notre humanité avec ses travers et ses dérives, mais une vision nouvelle est apparue.

Aujourd’hui, nous assistons au développement d’une représentation nouvelle de la vie humaine. « Bénir, signifie littéralement : appeler le bien à se manifester », nous dit Rebecca Nye. Ainsi avons-nous besoin de reconnaître le bien là où il est pour l’encourager à s’épanouir. Voilà une approche souhaitable dans notre représentation de l’homme bien au delà de l’enfance.

L’enfant : un être spirituel. C’est un regard nouveau. Nous découvrons ce que nous pressentions. Quelle merveille !

 

JH

 

(1)            Sur ce blog : Ce qui nous émerveille. Sur le site de Témoins : « Reconnaître le fait spirituel : un sondage sur l’émerveillement » http://www.temoins.com/enqu-tes/reconnaitre-le-fait-spirituel.-un-sondage-sur-l-emerveillement.html

(2)            Montessori (Maria). L’enfant. Desclée de Brouwer (édition originale : 1936)

(3)            Hay (David). Something there. The biology of human spirit. Darton, Longman and Todd, 2006. Sur le site de Témoins : La vie spirituelle comme « conscience relationnelle ». http://www.temoins.com/etudes/la-vie-spirituelle-comme-une-conscience-relationnelle.html

(4)            Nye (Rebecca). Children’s spirituality. What it is and why it matters. Church House Publishing, 2009

(5)            Sur le site de Témoins : « Découvrir la spiritualité des enfants. Un signe des temps ». Un chapitre sur la théologie de l’enfant. http://www.temoins.com/etudes/decouvrir-la-spiritualite-des-enfants.-un-signe-des-temps/toutes-les-pages.html

(6)             Sur le site : expérience et théologie : Ursula Tissot. Comment le Dieu qui s’est fait enfant rejoint notre enfant intérieur. http://www.experience-theologie.ch/reflexions/ressourcement/comment-ce-dieu-qui-s’est-fait-enfant-rejoint-notre-enfant-interieur/